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que son génie balançait entre l’empire et le dieu de la France, et l’empire et le dieu de l’Asie.

Mais le monde avait éprouvé de grandes révolutions depuis la première campagne d’Égypte, et le dernier regret que Napoléon laissait tomber sur la fin de cette fausse croyance fit bientôt place à de plus hautes pensées. Cependant l’étrangeté de ce sentiment méritait d’être recueillie par l’histoire.

Pour rendre plus facile l’enlèvement de cette multitude de cadavres, l’empereur permit aux soldats de les dépouiller, en les enlevant du champ de bataille, des richesses incalculables dont ils étaient comme revêtus. Peu de jours n’étaient pas écoulés que tous ces corps avaient été transportés dans une autre plaine plus au nord de Jérusalem, où ils furent ensevelis ou brûlés. Ce fut un nouveau service rendu à la ville sainte qui commençait à redouter ce voisinage funeste, car la peste n’eût pas tardé à se lever du milieu de ces montagnes de morts.

Maître ainsi de toute la Syrie, l’empereur distribua ses troupes dans les diverses villes de la province. Le roi d’Espagne remonta vers Damas, qui ouvrit ses portes. Napoléon lui-même entra enfin dans Saint-Jean-d’Acre qui ne pouvait plus fermer les siennes. Le corps d’armée sous le