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que aussitôt l’étendard du prophète pris par les chrétiens. À peine ces deux pertes immenses pour les croyances et le fatalisme des Turcs leur furent-elles connues, qu’ils devinrent comme frappés de délire. Dans leur vertige, ils jetaient leurs armes à terre, et se précipitaient d’eux-mêmes dans les rangs des Français. Ceux-ci ne leur faisaient aucun quartier ; leur furie guerrière était enflammée au plus haut degré. Ils se souvenaient des cruautés exercées par les vainqueurs après Saint-Jean-d’Acre, et à leur tour ils s’étaient promis une vengeance barbare ; ils avaient juré de ne pas faire de prisonnier, et de n’épargner aucun ennemi. Cette journée ne fut qu’une journée d’égorgement et un long meurtre. L’armée mahométane fut entièrement massacrée, car pas un ne voulait fuir ; dans leur désespoir, ils tendaient leur poitrine au fer qui les perçait, et les chrétiens, insatiables de vengeance et de meurtre, ne se reposèrent pas tant qu’un seul Turc resta vivant sur le champ d’extermination.

Napoléon les laissa faire.

Sa vengeance muette était aussi terrible que cette vengeance animée et sanglante. Sa défaite était lavée et sa politique satisfaite. L’islamisme, ce despote effrayant de l’Asie, était anéanti.