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tation religieuse s’était enflammée au plus haut point devant la bataille. Il semblait, à voir l’agitation de cette foule armée, qu’elle trépignait pour ainsi dire comme un seul corps, d’où s’échappait le cri continuel : Allah et Mahomet. C’est qu’en effet un grand esprit animait cette masse d’hommes, que l’idée vivante de Dieu et de la religion reliait toute en une seule pensée et une seule force.

L’armée française avait aussi sa foi, la gloire ! Mais ce sentiment, plus froid que celui de la religion, et se manifestait par aucun cri. L’armée était silencieuse.

À dix heures, la bataille commença : le choc fut terrible. Jamais, on le sait, de tradition humaine, pareille lutte ne s’était engagée. Les Turcs se précipitèrent confusément et avec tant de violence sur les lignes françaises, que l’armée en fut ébranlée, et qu’inaccoutumées à un semblable désordre, les manœuvres européennes furent rompues dès cette première attaque : les rangs ne purent désormais se rallier. Alors la mêlée devint furieuse, terrible : une lutte d’homme à homme, bataille d’acharnement et d’assassinat. On voyait les Turcs, frappés à mort, se traîner encore sous les pas de l’ennemi qui les écrasait, pour le percer de leurs poignards,