Page:Geoffroy - Napoléon et la conquête du monde, 1836.djvu/253

Cette page a été validée par deux contributeurs.

paraissait avec sa toute-puissance, les rêves revinrent encore, et il lui sembla que les destinées du monde allaient s’accomplir en Orient, et qu’il en était déjà le maître.

Il fit diriger l’armée vers la Syrie, et, ne gardant que dix mille hommes, il s’avança à leur tête dans la haute Égypte ; c’était comme une promenade militaire dans laquelle il venait, avec de vieux compagnons d’armes, reconnaître les champs de bataille où naguère ils avaient combattu.

Ce ne fut en effet qu’une promenade, et non pas une conquête. L’Égypte, qui tremblait à son souvenir et à la seule pensée de sa venue, tomba à genoux et silencieuse quand il fut arrivé, pareille à ces divinités agenouillées de granit qui furent, pendant trois mille ans, ses dieux.

Il entra au Caire, où le pacha d’Égypte vint se soumettre. Le lendemain, il mena ses dix mille hommes aux pyramides. Les vieux soldats, qui dans la première guerre s’étaient reposés à leur ombre, les montraient avec orgueil à leurs nouveaux frères d’armes, et l’armée attendait avec anxiété que Napoléon leur fît entendre quelques paroles sublimes comme celles qu’il avait prononcées autrefois devant ces constructions colossales.