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Napoléon était couvert d’applaudissements quand il disait aux corps législatifs : « Cette année, j’ai eu besoin de cent mille hommes, et j’ai réduit les charges du pays de 50,000,000. »

Vers la même époque, une singulière théorie de législation vint saisir son esprit. On a dit qu’il l’avait trouvée en Allemagne, et que, s’étant développée dans sa pensée, elle vint bientôt à l’état de volonté et par conséquent de loi.

Cette théorie concernait le droit existant alors en Europe sur les testaments. Pour l’empereur, ce privilège était absurde. Né seulement à Rome, et perpétué jusqu’à nos jours, il n’en était pas moins pour lui une intolérable offense au bon sens et au bien public. Comment se pouvait-il, en effet, que l’homme après sa mort, lorsque tout lui était échappé, son souffle, son corps, sa pensée, sa vie, s’arrogeât encore un droit posthume sur des biens qu’il ne pouvait plus posséder ; qu’il conservât une propriété nouvelle lorsqu’il n’existait plus, et le droit exorbitant de disposer des choses qui ne pouvaient plus rester dans son domaine. Cette abstraction consacrée par le temps lui parut trop choquante ; elle était, d’ailleurs, la source de honteuses misères et de cette lâche et mensongère vénération dont trop souvent on entoure la vieillesse