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et l’incertitude de ce qui allait se passer le tinrent comme pétrifié et sans voix.

L’empereur avait suivi toutes ces convulsions de la pensée de Murat. Il s’avança de quelques pas et lui dit avec un accent d’affection :

— « Mon frère, c’est moi qui viens à vous. »

À ce nom de frère, Murat trembla et baissa la tête. Toute l’énergie de sa haine avait tombé devant ce mot prononcé dans ce lieu ; ses jambes fléchirent, et ce que n’aurait pu faire l’aspect des plus affreux supplices, il sentit son cœur ému, et retombant dans son fauteuil, il couvrit de ses deux mains sa figure abaissée.

Cette scène avait décidé de son sort.

Napoléon, vivement ému lui-même, s’approcha, lui prit la main avec chaleur et lui répéta d’une voix attendrie : — « Mon frère ! Murat ! que veux-tu qu’il te soit fait ? que demandes-tu ?

— « La mort ! s’écria Murat avec amertume, la mort ! et une mort prompte surtout, car depuis un instant, je sens qu’elle sera infâme, moi qui l’envisageais si noble et si fière.

— « Il faut que mon frère, que l’époux de ma sœur, que le père de mes neveux vive ! » dit Napoléon.

— « Eh bien ! dit Murat avec exaltation, puisque votre majesté… »