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toujours marqué, il n’en fut pas de même de l’abbé de Lamennais.

Ce génie puissant, dédaigneux d’un mouvement social qui lui semblait mener le monde à l’abîme, d’un pouvoir impérial qui ne lui imposait pas, flamboyant de colère devant l’indifférence glacée des nations qui s’en allaient oubliant Dieu et la foi, plein de croyance de vie et de génie devant ces peuples mourants qui descendaient au tombeau portés par la philosophie, lui ! l’abbé de Lamennais, en dehors de ce mouvement, de cette puissance, de cette agonie, se constitua l’apôtre de Dieu, le Luther de la réformation catholique ; et secouant les esprits sous les fureurs de sa parole, il réveilla les hommes qui dormaient dans l’indifférence, et se levèrent stupéfaits à ce bruit.

L’empereur, dont la politique admettait le progrès religieux, et favorisait ardemment les croyances d’une religion qui mettait César à côté de Dieu, autorisa et seconda même les efforts de l’illustre père de l’église.

Mais, peu de temps s’était écoulé, qu’il vit sa prévoyance dépassée par la parole débordante du prêtre. Napoléon voulait se servir de toutes les forces, mais il voulait surtout en rester le maître ; il n’était pas âme à laisser une puissance, quelle