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la plus simple, travaillant à son jardin, et paraissant étranger aux secousses du monde.

Il reçut les offres de Napoléon avec froideur, et dit qu’il ne pouvait rien accepter de lui.

Mais le général Andreossy, qui savait que ce grand caractère manquait d’énergie et de persistance dans ce qui lui était personnel, revint le lendemain à la charge. Moreau devait être créé maréchal de France, duc de Carniole et grand-aigle de la Légion-d’Honneur.

Moreau hésita alors ; il soupirait après sa patrie ; sa femme, sa fille ne parlaient que du bonheur de revoir la France : il flottait encore incertain, et puis il accepta. Le général Andreossy profita avec insistance de cette résolution, et le décida à partir sur-le-champ, et à s’embarquer sur une frégate française qui devait prendre le nom du général Moreau, si elle le ramenait en France.

Cet acte de générosité dans l’empereur n’était pas sans calcul ; à cette époque, l’armée était renouvelée, une nouvelle génération de soldats était survenue, ayant entendu comme dans le lointain le bruit de la gloire du général exilé ; mais ce n’étaient plus les troupes de l’armée du Rhin qui eussent versé leur sang pour un général adoré. La gloire de Moreau était ancienne,