Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une figure et une prédiction de ce qu’il fit lors du premier avénement, et de la conversion des gentils qui devaient croire en lui. Jusqu’au moment où Jésus-Christ instruisit les nations, elles étaient comme l’ânon qui n’a jamais porté de bât et qui ne connaît pas le joug. Il leur envoya ses apôtres pour les instruire et les plier au joug de sa loi ; elles l’ont porté avec tant de docilité, qu’on les a vues disposées à tout souffrir dans l’attente des biens promis.

Pour Jésus-Christ notre Seigneur, il a véritablement paru sur une ânesse. Rappelez-vous ce qu’il fit lorsqu’il approchait de Jérusalem : il envoya ses disciples lui chercher une ânesse qui était attachée avec son ânon à l’entrée d’un bourg appelé Betphagé ; et quand ils l’eurent amenée, il monta dessus et entra dans la ville. L’action de Jésus-Christ, réalisant aux yeux de tout le monde les prophéties qui concernent le Christ, ne prouvait-elle pas évidemment qu’il était lui-même le Christ promis ? Et quand il accomplit ainsi tous les oracles et qu’on vous le prouve les Écritures à la main, vos cœurs restent toujours endurcis ! Ce que nous venons de dire avait été prédit en ces termes par Zacharie, un des douze prophètes : « Tressaille d’allégresse, fille de Sion ! pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! voilà que ton roi viendra vers toi, juste et sauveur, doux et pauvre, monté sur une ânesse et sur le fils de l’ânesse. »

Remarquez ces paroles de l’Esprit saint, qui dit formellement comme le patriarche Jacob, que le Christ se servira de l’ânesse et de l’ânon, et l’ordre donné par Jésus-Christ de lui amener l’un et l’autre, et vous comprendrez ce que signifiait cette ânesse. N’était-ce pas la figure de ceux de la synagogue qui devaient un jour, comme les gentils, croire en lui ?

Car, de même que l’ânon inaccoutumé au joug représentait les gentils, de même l’ânesse habituée à porter le bât figurait la nation juive. La loi donnée par les prophètes, qu’était-ce autre chose qu’un joug qui vous était imposé ? Zacharie avait encore prédit que le Christ serait frappé et ses disciples dispersés. N’est-ce pas ce qui est arrivé ? Lorsque Jésus fut mis en croix, ceux qui étaient avec lui prirent la fuite. Ils ne re-