Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 2.djvu/93

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

connaître en lui le Christ promis. Ne paraîtrait-il qu’un homme né d’entre les hommes, n’ayant rien de plus que le caractère d’une élection sainte qui le montre comme le Christ de Dieu, du moins devez-vous reconnaître en lui ce caractère. Ainsi l’ont jugé quelques hérétiques qui portent le nom de Chrétiens. Tout en le regardant comme un homme, ils le reconnaissaient pour le Christ. Je ne partage pas leur sentiment, quand ils n’en font qu’un simple mortel, et je ne l’adopterais jamais, quand le plus grand nombre qui pense comme moi viendrait à penser comme eux. Car le Christ lui-même nous commande de croire non à la parole de l’homme, mais à la parole des prophètes et à la sienne.

XLIX. Tryphon reprit : — L’opinion de ceux qui ne font de Jésus-Christ qu’un homme marqué du sceau de l’élection divine à la faveur de l’onction qu’il a reçue et par elle devenu le Christ, paraît bien plus probable que celle que vous défendez, et nous aussi nous attendons un Christ qui ne sera qu’un homme né d’entre les hommes et qui recevra l’onction sainte des mains d’Élie, quand celui-ci viendra. Bien que Jésus vous paraisse le Christ, vous ne devez toujours voir en lui qu’un homme, né comme les autres hommes. Mais comme Élie n’a pas paru, je ne peux pas même admettre que ce Jésus soit le Christ.

— Voilà votre avis, Tryphon. Mais répondez-moi, le prophète Zacharie ne dit-il pas qu’Élie doit venir avant le grand et terrible jour du Seigneur ?

— Oui, certainement, me répondit-il.

— Eh bien, repris-je, si nous sommes obligés, d’après l’Écriture, de reconnaître que les prophètes ont prédit deux avénements du Christ, l’un qui le fera voir sans éclat, sans beauté, exposé à toutes les douleurs, l’autre qui nous le montrera environné de gloire et s’avançant comme le juge de tous les hommes, ainsi que nous l’avons prouvé plus haut par tant d’endroits de l’Écriture, comment ne pas voir qu’il s’agit du second avénement dans ces mots de jour grand et terrible, et que c’est de ce dernier avénement qu’Élie est annoncé comme précurseur ?

— Oui, je vous l’accorde encore, me dit-il.