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l’âme est au corps ; — il est le principe unique ; — il l’est du bien, la matière du mal ; — tout se fait par ses ordres et sous ses yeux ; tout se fait par des agents subalternes.

« Demandez-leur : Qu’est-ce que l’univers ? Ils vous répondront : tout ce qui est a toujours été, ainsi le monde est éternel ; — non, il ne l’est pas, mais c’est la matière qui est éternelle. — Cette matière, susceptible de toutes les formes, n’en avait aucune en particulier ; elle en avait une ; elle en avait plusieurs, elle en avait un nombre illimité ; car elle n’est autre que l’eau, que l’air, que le feu ; que les éléments, qu’un assemblage d’atomes, qu’un nombre infini d’éléments incorruptibles, de parcelles similaires dont la réunion forme toutes les espèces. Cette matière subsistait sans mouvement dans le chaos ; l’intelligence lui communiqua son action, et le monde parut. — Non, elle avait un mouvement irrégulier ; Dieu l’ordonna en la pénétrant d’une partie de son essence, et le monde fut fait. — Non, les atomes se mouvaient dans ce vide, et l’univers fut le résultat de leur union fortuite. — Non, il n’y a dans la nature que deux éléments qui ont tout produit et conservé ; la terre et le feu qui l’anime. — Non, il faut joindre aux éléments l’amour qui unit les parties, et la haine qui les sépare… Ô mon fils, n’usez pas vos jours à connaître la formation de l’univers, mais à remplir comme il faut la petite place que vous y occupez.

« Demandez-leur enfin : Qu’est-ce que l’homme ? Ils vous répondront : l’homme présente les mêmes phénomènes et les mêmes contradictions que l’univers dont il est l’abrégé. Ce principe, auquel on a donné de tout temps le nom d’âme et d’intelligence, est une nature toujours en mouvement. — C’est un nombre qui se meut par lui-même ; — c’est un pur esprit, dit-on, qui n’a rien de commun avec le corps ; — mais si cela est, comment peut-il le connaître ? — C’est plutôt un air très-subtil ; — un feu très-actif ; — une flamme émanée du soleil, — une portion de l’éther, — une eau très-légère, — un mélange de plusieurs éléments ; — c’est un assemblage d’atomes ignés et sphériques, semblables à ces parties subtiles de matière qu’on voit s’agiter dans les rayons du soleil ; c’est un être simple. — Non, il est composé ; il l’est de plusieurs principes ; il l’est de plusieurs qualités contraires. — C’est le sang qui circule dans les veines : cette âme est répandue dans tout le corps ; elle ne réside que dans leur cerveau, que dans le cœur, que dans le diaphragme, elle périt avec nous. — Non, elle ne périt pas, mais elle anime d’autres corps ; mais elle se réunit à l’âme de l’univers… Ô mon fils, réglez les mouvements de votre âme et ne cherchez pas à connaître son essence. »