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nouvelles, puisqu’elles furent inconnues pendant dix mille fois dix mille ans aux hommes qui vivaient alors, et qu’elles n’ont été découvertes que depuis mille ou deux mille ans, par Dédale, Orphée et Palamède ? » Ainsi Platon reconnaît bien que le monde a été créé, mais il compte dix mille fois dix mille ans depuis le déluge jusqu’à Dédale. Plus loin encore, après avoir traité fort au long des différentes cités, des habitations et des peuples qui couvrent la terre, il confesse ingénûment qu’il n’a avancé que des conjectures : « Si j’avais un Dieu pour hôte, dit-il, et qu’il me promît ses lumières, et si nous examinions de nouveau de quelle manière il convient de porter la loi, je ne sais pas si, changeant de langage, etc. » Ainsi donc, il n’a donné que des conjectures ; mais des conjectures ne sont pas des vérités.

XVII. Il vaut mieux être disciple de la sagesse divine, comme ce philosophe l’avoue lui-même, puisqu’il dit que Dieu seul peut nous apprendre la vérité. Mais quoi ! les poëtes Homère, Hésiode et Orphée, n’ont-ils pas dit qu’ils avaient eu cet avantage ? Il y a plus, les historiens racontent qu’ils furent contemporains des prophètes, des hommes inspirés, et qu’ils ont transmis fidèlement tout ce qu’ils en avaient appris. À combien plus forte raison sommes-nous donc sûrs de connaître la vérité, nous qui la tenons des saints prophètes, remplis de l’esprit de Dieu ? Aussi règne-t-il entre eux l’accord le plus parfait ; ils ont annoncé d’avance tous les événements qui devaient arriver au monde entier. L’accomplissement de leurs premières prédictions peut convaincre tout homme avide de s’instruire et de connaître la vérité, qu’elle se trouve dans tout ce qu’ils ont dit des temps antérieurs au déluge, et sur la suite des temps, depuis l’origine du monde jusqu’à nos jours : et dès lors il est évident que les récits des autres écrivains ne sont que d’ineptes impostures, et un tissu de faussetés.

XVIII. Platon, en effet, comme nous l’avons déjà dit, reconnaît un déluge, mais un déluge partiel, qui ne couvrit que la plaine ; ensorte que ceux qui se réfugièrent sur les hautes montagnes ne périrent point. D’autres prétendent que Deuca-