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d’avoir été les premiers à se plonger dans d’infâmes turpitudes, et à se rassasier de mets exécrables. Quel est celui d’entre eux qui n’ait chanté Saturne dévorant ses enfants ; Jupiter mangeant son fils Métis, et invitant les dieux à d’horribles festins où servait, dit-on, Vulcain, forgeron et boiteux ; Junon enfin, sa propre sœur, qu’il épousa, et qui fit servir sa bouche impure à des choses infâmes ? Vous n’ignorez point, sans doute, les autres forfaits de Jupiter, tels qu’ils sont racontés par les poëtes. Pourquoi parler encore des crimes de Neptune, d’Apollon, de Bacchus, d’Hercule, de Minerve et de Vénus la prostituée, puisque j’en ai traité au long dans un autre livre ?

IV. Je ne me serais pas arrêté à une semblable réfutation, si je ne vous avais encore vu flottant et incertain sur la doctrine de la vérité. Quelle que soit, en effet, votre sagesse, vous accueillez volontiers les paroles des hommes les plus insensés ; autrement vous n’auriez point été ébranlé par leurs vains discours, vous n’auriez point cru à de vieilles calomnies semées par l’impiété, qui invente toutes sortes de crimes contre nous, parce que nous sommes Chrétiens et que nous adorons le vrai Dieu. Ils répètent partout que dans nos assemblées toutes les femmes sont en commun, qu’on s’unit au hasard avec ses propres sœurs, et, ce qui est le comble de l’impiété et de la barbarie, que toute espèce de chair nous est bonne, même la chair humaine. Ils ajoutent aussi que notre doctrine est toute nouvelle, que nous manquons de preuves, pour en établir la vérité, que nos institutions sont des folies. Je ne puis trop m’étonner de vous voir prêter à nos discours une oreille si peu attentive, vous, si studieux, si appliqué dans tout le reste ; car vous passeriez vos nuits dans les bibliothèques, si vous le pouviez.

V. Mais puisque vous avez beaucoup lu, que vous semble-t-il des préceptes de Zénon, de Diogène et de Cléanthe, qui veulent qu’on mange de la chair humaine, que les enfants eux-mêmes égorgent et dévorent leurs parents, et que celui qui refuserait un semblable aliment soit lui-même dévoré ? Cette