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XXV. L’arbre de la science était, sans doute, bon en lui-même aussi bien que son fruit ; et ce n’était point l’arbre, comme le pensent quelques-uns, qui était mortel, mais bien la transgression du précepte. Car cet arbre ne renfermait autre chose que la science ; et la science est toujours bonne, lorsqu’on en fait un bon usage. Or, Adam nouvellement né était en quelque sorte un enfant, et ne pouvait encore recueillir le fruit de la science. En effet, les enfants ne peuvent manger du pain aussitôt après leur naissance ; mais on leur donne d’abord du lait, puis ils reçoivent une nourriture plus solide, à mesure qu’ils avancent en âge. Et voilà ce qui serait arrivé à Adam : Dieu lui défendit donc de toucher à l’arbre de la science, non point par jalousie, comme le pensent quelques-uns, mais parce qu’il voulait mettre son obéissance à l’épreuve. Il voulait encore que l’homme persévérât longtemps dans cette candeur, cette simplicité de l’enfance. Et n’est-ce pas un devoir sacré aux yeux de Dieu et des hommes, qu’on se soumette à ses parents avec candeur et simplicité ? et si les enfants doivent être soumis à leurs parents, à plus forte raison doivent-ils l’être à Dieu, qui est le père de tous. D’ailleurs, il ne convient pas aux enfants d’être plus sages que leur âge ne le comporte ; car la sagesse a ses degrés, aussi bien que le développement des forces corporelles. Que dirai-je encore ? lorsque nous désobéissons à une loi qui nous fait une défense, il est bien clair que ce n’est point la loi qui est cause du châtiment, mais la désobéissance elle-même, et la transgression de la loi. Blâmerez-vous un père de faire des défenses à son fils, et de le punir s’il les méprise ; toutefois la punition ne vient point de la chose elle-même, mais de la désobéissance. Ce qui fit sortir Adam du paradis, c’est donc la transgression du précepte divin : encore une fois, l’arbre de la science ne renfermait rien de mauvais ; c’est du péché, comme d’une source funeste, que sont sorties les souffrances, les douleurs, les peines et la mort même.

XXVI. Mais Dieu, dans sa miséricorde, ne voulut pas laisser à jamais l’homme esclave du péché ; il le condamna à l’exil,