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procéder avec ordre et justesse pour montrer les suites et la liaison que les vérités plus éloignées ont avec celles qui précèdent, de sorte que la vérité et sa démonstration ne soient pas compromises. Qu’on se garde bien de confondre ce qui doit être distingué, et de briser les nœuds délicats par lesquels se tiennent toutes les vérités ! C’est pourquoi je pense que ceux qui veulent apporter à une question de cette importance l’attention qu’elle mérite, et se décider avec connaissance de cause sur ce qu’il convient de penser de la résurrection des corps, doivent avant toutes choses peser la force des raisons qu’on veut faire valoir, les ranger à la place qui leur convient, voir celles qu’il faut mettre au premier rang ; quelles sont les preuves qu’on doit placer au deuxième ou au troisième, ou par lesquelles on doit finir. Nul doute qu’il ne faille commencer, comme nous l’avons fait, par exposer le motif, c’est-à-dire l’intention du créateur en faisant l’homme ; de là, passer immédiatement à la nature de l’homme, non qu’elle soit, pour le rang, postérieure au motif de sa création, mais il importait d’examiner l’un et l’autre séparément, bien que ces deux raisons n’en fassent qu’une et qu’elles soient d’un poids égal dans la question qui nous occupe ; la vérité de la résurrection tirée de ces preuves qui sont les principales, puisqu’elles découlent de l’œuvre même de Dieu, emprunte une nouvelle force des raisons puisées dans sa Providence, intéressée à punir les uns, à récompenser les autres, à faire voir que nous avions tous une fin dernière, et des moyens pour y parvenir. Plusieurs de ceux qui ont entrepris de prouver la résurrection se sont contentés de cette troisième preuve ; ils ont pensé que le jugement nécessitait la résurrection, qu’il n’en existait pas d’autre raison ; mais ils se trompent, et ce qui le prouve c’est que tous les morts doivent un jour ressusciter, et que tous ceux qui ressuscitent ne seront pourtant pas jugés ; car si la résurrection n’avait lieu qu’à raison du jugement, il faudrait dire que ceux qui n’ont fait ni bien ni mal, c’est-à-dire les enfants au berceau, ne doivent point ressusciter. Mais comme la résurrection aura lieu pour tous, c’est-à-dire