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XII. Pour tirer en faveur de la résurrection une preuve solide des motifs qui ont présidé à la création, il faut examiner si l’homme a été fait sans dessein et au hasard, ou si Dieu lui a donné une fin déterminée ; si l’on admet qu’il ait été créé pour une fin, je demanderai quelle est cette fin, si c’est simplement pour jouir toujours de la vie, et subsister à jamais d’une manière conforme à sa nature, ou bien si c’est pour l’utilité d’un autre ? Dans cette hypothèse, je demanderai si c’est pour l’intérêt du créateur lui-même ou pour celui de quelque créature qui touche à Dieu de plus près, et que Dieu honore de sa prédilection.

Plus j’y réfléchis et plus je comprends que l’homme raisonnable, et dont le jugement détermine les actions, ne fait rien en vain quand il agit de propos délibéré, mais qu’il rapporte tout à son propre avantage ou à celui des êtres auxquels il veut du bien ; souvent encore il n’a en vue que l’œuvre même qu’il fait, alors une certaine inclination, une sorte d’amour purement gratuit, le porte à la faire ; et pour rendre la chose plus sensible, servons-nous ici de quelques comparaisons. L’homme se bâtit une habitation pour son propre usage ; il prépare aussi pour ses bœufs, ses chameaux et tous les autres animaux qui sont à son service, un abri convenable ; au premier abord, cet abri ne semble point fait pour son usage ; mais si l’on considère la fin plus éloignée de cette construction, il est évident que c’est toujours pour lui qu’il agit, bien que sa fin actuelle et immédiate soit ces animaux dont il veut la conservation. Enfin s’il a des enfants, ce n’est point pour les faire servir à son usage ou à celui des siens, mais plutôt pour exister et se perpétuer le plus longtemps possible dans une race sortie de lui, cherchant une consolation à sa mort dans la succession de ses enfants et de ses petits-neveux, et s’imaginant ainsi survivre à son trépas et trouver une sorte d’immortalité sur la terre.

Voilà comment agissent les hommes. Mais Dieu n’a pas fait l’homme en vain, car il est sage, et rien de ce qu’il fait n’est inutile ; il ne l’a point créé non plus pour son propre