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déjà données, démontre clairement que la résurrection n’est pas impossible, et par conséquent qu’elle n’est point au-dessus de la puissance de Dieu : nous ajouterons qu’elle n’est pas contraire à sa volonté.

X. Dieu ne peut se refuser à vouloir qu’une chose injuste ou indigne de lui. Ici l’injustice nuirait ou à l’homme ressuscité, ou à quelqu’autre à son occasion. Or, il me sera facile de prouver que la résurrection ne fait de tort à personne. Et d’abord, elle ne peut nuire aux êtres immatériels, puisqu’elle ne touche ni à leur vie ni à leurs prérogatives ; elle ne saurait nuire non plus aux animaux ou à la matière inanimée, puisqu’ils ne seront plus quand la résurrection aura lieu : ce qui n’existe pas est à l’abri de toute injustice. En admettant même que les animaux continuent à vivre, la résurrection de l’homme ne porterait pas atteinte à leur condition. Car si leur état actuel, cette infériorité qui les asservit à l’homme, qui les courbe sous le joug d’une dure servitude, et les laisse en proie à tous les genres de besoins et d’infirmités, n’est pas une injustice, à combien plus forte raison n’auront-ils aucun sujet de se plaindre quand l’homme, devenu incorruptible et désormais à l’abri du besoin et des privations, n’exigera plus d’eux aucun service, et les rendra pour toujours à la liberté ? En supposant qu’ils eussent la faculté de parler, pensez-vous qu’ils auraient droit de se récrier contre le Créateur, de lui reprocher comme une injustice d’être abaissés au-dessous de l’homme et de ne point partager avec lui le bienfait de la résurrection ? À deux natures essentiellement inégales, l’être souverainement juste n’a pu donner la même fin. Et d’ailleurs, de quelle espèce d’injustice pourraient-ils se plaindre, puisqu’ils n’ont aucune notion de justice ? D’un autre côté, la résurrection n’est rien moins qu’injuste à l’égard de l’homme qu’elle fait revivre. L’homme, comme vous le savez, est composé d’un corps et d’une âme : auquel des deux la résurrection pourrait-elle nuire ? Est-ce à l’âme ? quel homme de bon sens oserait le dire ? Ne serait-ce pas attaquer à la fois la résurrection et la vie présente ? Car si l’âme ne peut se plaindre d’être ici-bas renfermée dans la prison d’un corps