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« Ô maison royale d’Admète, dit Apollon, où tout dieu que j’étais j’ai partagé la table des moindres esclaves ! »

Il conduisit des troupeaux :

« Étant entré dans cette contrée, je fis paître les bœufs de mon hôte, et je gardais sa maison. »

Ainsi donc Admète est au-dessus d’un dieu. Prophète dont on vante la sagesse, ô toi qui annonçais l’avenir ! non-seulement tu n’as pas prédit la mort d’Amasis, mais tu l’as tué de ta propre main :

« Je croyais, dit Eschille, que la céleste bouche d’Apollon ne connaissait point le mensonge, qu’elle était la source de la science où puisent les augures. »

C’est ainsi qu’Eschille se moque d’Apollon, comme d’un faux prophète ; il ajoute :

« Celui même qui chante, celui qui est présent au festin, celui qui a dit ces choses, celui-là même, ô dieux ! a tué mon fils. »

XXII. Mais, dira-t-on peut-être, ce sont là des fictions qui peuvent s’expliquer d’une manière allégorique, comme nous l’apprend Empédocle :

« Jupiter, dit-il, représente l’agilité du feu ; Junon et Pluton, le principe vital ; et les larmes de Nestis, l’eau des sources. »

Je veux bien que Jupiter soit le feu, Junon la terre, Pluton l’air, et Nestis l’eau ; tout cela constitue des éléments, mais ne fait pas des dieux : je n’admettrai donc pas comme Divinité ni Jupiter, ni Junon, ni Pluton ; car ils tirent leur être, leur existence, de la matière que Dieu lui-même a divisée :

« Le feu, l’eau, la terre, et l’air si bienfaisant, voilà les éléments, il est un principe qui les rend amis et les unit. »

Cette union leur est si nécessaire, qu’il suffirait d’un moment de désaccord pour les détruire et les confondre. Comment donc oser dire que ce sont là des dieux ? L’affinité commande, selon Empédocle, les éléments unis obéissent. Or, ce qui commande a l’empire d’attribuer la même vertu et la même puissance à l’être qui commande et à celui qui obéit, c’est