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Lorsque la domination des derniers successeurs d’Alexandre fut remplacée par celle des Parthes, les rois de cette nation eurent aussi des temples dans la Perse. L’empire de Cyrus disparut dans celui des Parthes dont il prit le nom, et dont il adopta en partie les usages et les mœurs : mais les livres de Zoroastre se conservaient ; l’ancienne religion était chère aux vaincus, et faisait des prosélytes au delà même des limites de la Perse.

Dans les premiers siècles de notre ère, Strabon parle des temples nombreux qu’il avait vus dans la Cappadoce, et où les mages entretenaient un feu éternel, suivant leur antique loi.

L’Arménie, sujette ou protégée des Romains, avait également reçu le culte des mages. De là sortait cette philosophie orientale dont l’influence est si manifeste dans les sectes et dans les écrits des premiers siècles de notre ère ; là, remontait ce culte de Mithra dont les mystères étaient célèbres aux premiers temps du Christianisme, et offraient quelque ressemblance avec les cérémonies de cette loi sainte ; là se conservait cette tradition sur l’origine du bien et du mal, qui devait enfanter la secte des manichéens, longtemps puissante, et que saint Augustin traversa pour arriver au Christianisme ; là, fermentait une métaphysique ardente, illuminée, qui contraste avec le cortége élégant du culte grec ou romain, et les religions sensuelles de presque toute l’Asie.

La haine des Parthes contre Rome fut une barrière aux progrès du culte romain. On ne connut jamais dans la Perse la divinité des Césars ; et un roi des Parthes vengea le genre humain, en reprochant à Tibère, dans une lettre publique, les crimes et les infamies que Rome consacrait par des autels.

Il nous reste à parler du peuple qui devait changer tous les autres, étant lui-même immuable, et qui, déjà répandu sur presque tous les points du monde, doit surtout être considéré dans sa patrie, qu’il occupait encore, et dans son temple que, seul de tous les peuples, il fermait à l’idolâtrie. Les malheurs de la guerre, les captivités, le commerce, avaient commencé la dispersion des Juifs, et jeté les feuillets de leurs livres