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peuplées de génies subalternes que la magie mettait en commerce avec les mortels.

Le reste de l’Égypte était encore assujetti à mille superstitions bizarres ou mal comprises, qui faisaient sourire de pitié le paganisme romain. D’antiques symboles étaient devenus des dieux pour la foule ; de là ces reproches que les poëtes de Rome font aux Égyptiens d’adorer des oignons et des chats, de là aussi ces guerres civiles qui souvent, dans l’Égypte, armaient une ville contre l’autre, pour venger l’injure prétendue de quelqu’une de ces innombrables divinités. Dans leur abattement sous le joug romain, les Égyptiens n’étaient capables de courage que par superstition. Un Romain, qui par hasard avait tué un chat consacré, fit éclater une sédition que les violences, les rapines du gouvernement n’auraient point excitée. Il y avait donc à la fois dans l’Égypte les deux extrêmes de la superstition humaine : le plus grossier fétichisme et la plus subtile mysticité ; et c’est par là que ce pays, se prêtant pour ainsi dire aux besoins de la crédulité humaine dans tous les degrés, fut pendant plusieurs siècles l’arsenal d’où sortirent toutes les erreurs et toutes les sectes religieuses.

Parmi les peuples indépendants de Rome, et dont les opinions se transmettaient par l’Égypte et la Syrie dans le monde romain, il faut compter la Perse, les Indes, et peut-être même cette contrée lointaine et mystérieuse, qui n’est désignée nulle part dans les annales romaines, la Chine. On sait que le nom de César, et même de curieux détails sur le gouvernement et la puissance de Rome, se trouvent à cette époque de notre ère dans les annales chinoises. Des communications plus anciennes encore semblaient avoir rapproché les traditions de tous les peuples, et fait circuler dans tout l’Orient des dogmes religieux que l’on croirait échappés du Christianisme. Ces idées philosophiques qu’avait exprimées Platon, ce logos, ou cette raison éternelle qu’il avait célébrée, se retrouvait dans les écrits d’un philosophe chinois, qui voyagea dans la Syrie quelques siècles avant notre ère. On y trouve aussi ce dogme d’une triade divine, que l’on entrevoit dans Pythagore, dans Platon, et qui se