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fidélité à la fortune de Rome. Quand Germanicus mourut, parmi les signes de la douleur publique, l’histoire raconte que dans les villes municipales d’Italie on brisa, on jeta dans les rues les images des dieux, comme pour se venger sur elles des malheurs de la patrie. Ainsi, le prince se conduisait à cet égard comme le peuple, et l’un et l’autre comme le sauvage qui brise son idole. Ces exemples, qui datent de la plus grande civilisation romaine, marquent assez combien le polythéisme était incapable de réforme, et devait s’adapter à toutes les fables du pouvoir absolu.

Le sacerdoce ne pouvait opposer aucune résistance ; car tous les prêtres dépendaient du souverain pontife, qui était l’empereur. Sous la république, les plus grands citoyens avaient rempli les différentes fonctions sacerdotales ; mais sous l’empire, en restant toujours le partage de la noblesse, elles tombèrent cependant aux mains des hommes les plus médiocres : on les donnait à qui ne pouvait mieux faire.

Claude, dans sa jeunesse, fut jugé si stupide, qu’on ne lui accorda d’autre emploi que celui de flamen. Les pontifes ne se distinguaient donc que par le luxe de leur table et la richesse de leurs vêtements aux fêtes des dieux. Un respect plus grand s’attachait aux vestales : elles avaient d’imposants priviléges, qui tenaient au souvenir de la république, et d’autres qui étaient ajoutés par l’empire. Un des plus éclatants honneurs rendus à Levie fut le droit de siéger au théâtre sur le banc des vestales.

Un des méchants empereurs, Domitien, rappela les devoirs des vestales par des supplices : sous son règne, plusieurs vestales furent punies de mort et enterrées vives. Ce monstre était un païen dévot ; il remplissait avec ardeur ses fonctions de grand pontife ; mais ce culte absurde et féroce était sans influence sur les mœurs. C’est à cette époque, en effet, qu’il faut reporter les plus grands excès de la corruption romaine, et ces saturnales du pouvoir qui épuisèrent tout ce que la tyrannie peut inventer, et l’espèce humaine souffrir.

Quand on voit passer Tibère, Caligula, Claude, Néron, et,