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semblable à notre âme, il ne mérite point le même culte que le Dieu, l’être souverainement parfait. En outre, nous ne devons point faire de présents à ce Dieu ineffable ; gardons-nous bien de le supposer indigent, lui qui n’a besoin de rien. Mais je vais exposer plus clairement notre croyance.

V. Dieu était au commencement ; et ce commencement nous avons appris que c’était la puissance du Verbe. Au commencement, le souverain maître de toutes choses était seul, en ce sens que la créature n’était pas encore faite. Mais comme il est la toute-puissance et le soutien ou la subsistance des êtres visibles et invisibles, tous étaient avec lui, et son Verbe, qui les soutenait aussi par sa propre puissance, était en lui. Par un acte de volonté de cette nature simple, le Verbe est sorti et a paru, et ce n’est pas dans le vide qu’il a paru, lui le premier ouvrage du Père ; car nous savons qu’aussitôt qu’il s’est manifesté, le monde a été fait. Or, le Verbe est né, non par retranchement, mais par communication ; car ce qui est retranché se trouve par là même séparé de son principe, tandis que ce qui vient par communication et pour une fonction ne diminue en rien le principe duquel il procède. De même qu’à la lumière d’un seul flambeau on peut en allumer beaucoup d’autres, sans diminuer pour cela la substance du premier, ainsi le Verbe, se manifestant au dehors par la puissance du Père, ne le prive pas de son intelligence ou sagesse. De même encore, pendant que je parle et que vous écoutez, la parole que je vous transmets ne me prive pas de ma parole ; mais en faisant entendre ma voix, coordonne en vous ce qui auparavant était sans ordre. Et comme le Verbe, engendré au commencement, engendra à son tour notre monde après avoir produit lui-même la matière ; pareillement, régénéré moi-même à l’imitation du Verbe et éclairé de la connaissance de la vérité, je donne une meilleure forme à un homme de même nature que moi. Car la matière n’est point sans commencement, comme Dieu ; et n’étant point sans principe, elle n’a point non plus un pouvoir égal à celui de Dieu ; mais elle a été créée par l’ouvrier universel et non point par un autre.

VI. Voilà aussi pourquoi nous croyons à la résurrection future des corps après la consommation de toutes choses, non point qu’elle doive arriver sans aucune utilité, comme le pensent les stoïciens, et seulement d’après certaines lois qui ramènent toutes les choses dans une espèce de cercle et les font continuellement renaître et périr, mais nous croyons qu’elle n’aura lieu qu’une seule fois, à la fin des siècles, et que l’homme seul ressuscitera pour paraître au jugement. Or, c’est