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se trouvera être l’auteur du mal, il habitera dans les cloaques, dans les vermisseaux et dans les scélérats eux-mêmes. Quant à Empédocle, les éruptions du volcan de la Sicile ont fait justice de son orgueil : tout mortel qu’il était, ne voulait-il pas se faire passer pour un dieu ! Je ris encore des fables puériles de Phérécide, de Pythagore, héritier de sa doctrine, et de Platon qui fut son imitateur, bien que quelques-uns le contestent. Qui pourrait approuver les monstrueuses et publiques débauches de Cratès, ou plutôt quel homme ne mépriserait l’arrogante folie de ce philosophe et de tous ses semblables pour s’appliquer à la recherche de ce qui est vrai et utile ? Gardez-vous donc de vous laisser imposer par le grand concours de ces philosophes, qui ne sont rien moins que philosophes, de ces hommes toujours en contradiction avec eux-mêmes, avançant au hasard tout ce qui leur vient à l’esprit. Voyez toutes les rivalités qui existent parmi eux ; ils se haïssent les uns les autres, ils combattent réciproquement leurs systèmes, et, dans leur orgueil, ils se placent toujours au-dessus de leurs rivaux. Certes, au lieu d’aller offrir leur encens aux pouvoirs et de flatter les princes, ils auraient bien mieux fait d’attendre que les grands vinssent à eux.

IV. Pourquoi donc, ô Grecs ! soulever contre nous les opinions des autres, comme on le ferait dans une lice ? Pourquoi me détester comme un grand criminel, si je ne veux pas imiter vos mœurs ? Le roi m’ordonne-t-il de payer le tribut, je suis prêt à le payer ; mon maître me commande-t-il de le servir, je me reconnais son esclave : car il faut rendre à l’homme les honneurs qui lui conviennent ; mais on ne doit craindre que Dieu seul, que l’œil de l’homme ne peut voir et que l’art ne peut reproduire. Si l’on me commande de renier mon Dieu, en cela seul je n’obéirai point, et je mourrai plutôt que de me rendre coupable de mensonge et d’ingratitude. Notre Dieu n’a point commencé à exister dans le temps, puisque, étant le principe de toutes choses, il ne reconnaît lui-même aucun principe. Dieu est un esprit non mêlé à la matière, mais créateur des esprits et des formes de la matière. On ne peut le voir ni le toucher, lui qui est l’auteur des choses sensibles et des choses invisibles. Les merveilles de la création nous le font connaître, et ses œuvres nous montrent clairement son pouvoir invincible. Loin de moi la pensée de vouloir adorer ce qu’il a créé pour notre usage. Le soleil et la lune ont été faits pour nous : comment donc adorerais-je ce qui doit me servir ? Comment ferais-je des dieux du bois et de la pierre ? Car l’esprit qui se mêle à la matière est bien inférieur à l’esprit divin ; et puisqu’il est