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ces deux mots, pour y substituer celui de cène ou de souper. 3° On croyait que le changement qui se fait dans les dons offerts était opéré en vertu des paroles que Jésus-Christ prononça lui-même en instituant cette cérémonie ; selon les protestants, au contraire, tout l’effet de la cène vient de la manducation ou de la communion. 4° L’Eucharistie était portée aux absents par les diacres ; cet usage a encore déplu aux protestants. 5° La consécration était précédée de la lecture des écrits des apôtres et des prophètes, et de plusieurs prières ; les protestants y mettent beaucoup moins d’appareil, et après cette belle réforme, ils se vantent d’avoir réduit la cérémonie à sa simplicité primitive.


DOCTRINE DE SAINT JUSTIN.


Il importe de bien établir par les écrits de saint Justin la tradition des grandes vérités du Christianisme, afin qu’on voie dans ce siècle que rien de ce que l’Église catholique enseigne n’est nouveau, et que tout remonte aux premiers temps de l’Église, aux temps apostoliques.


Écriture-Sainte.


Saint Justin, comme saint Paul, enseigne que toute l’Écriture est divinement inspirée ; que les prophètes ont été les organes du Saint-Esprit, qui s’est servi de leur ministère pour enseigner aux hommes la vérité ; qu’ils ne sont point les auteurs des oracles qu’ils ont prononcés, mais le Verbe de Dieu qui les animait de son Esprit ; que sans une grâce particulière de Dieu, il est impossible de bien entendre les divines Écritures ; que cette divine parole porte avec elle une majesté qui étonne, et une simplicité qui parle au cœur ; que jamais l’Écriture n’est contraire à elle-même, et que quand on ne peut concilier des passages qui paraissent se contredire, il faut avouer qu’on ne les entend pas ; que la raison pour laquelle Dieu permet que les Juifs conservent l’Écriture, c’est pour ôter toute occasion aux gentils de croire que nous l’ayons supposée ; que l’histoire composée par Moïse est la plus ancienne histoire du monde, et que ce prophète est le premier qui ait persuadé aux hommes de recevoir des lois écrites ; que les Juifs ont altéré en plusieurs endroits les divines Écritures, et en ont retranché beaucoup de passages qui regardaient la passion et la mort de Jésus-Christ ; ce qu’il faut apparemment entendre des exemplaires qu’il avait eus entre les mains, puisque Tryphon regardait ce fait comme incontestable. Il lisait dans l’évangile de saint Luc ce que nous y lisons encore aujourd’hui, touchant la sueur