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l’homme peut imiter son Dieu, car aucun de ces traits ne caractérise la majesté divine ; mais prendre sur soi le fardeau du malheureux, du lieu élevé où le ciel nous a placés, répandre des bienfaits sur ceux qui se trouvent au-dessous de nous, regarder les richesses comme des dons que Dieu fait passer par nos mains pour arriver à l’indigent, c’est devenir le Dieu de ceux qu’on soulage, c’est imiter Dieu lui-même. Alors, en passant sur la terre, vous comprendrez qu’il est au ciel un Dieu qui tient les rênes du monde et qui le gouverne comme un empire.

Les mystères de Dieu se dévoileront à vos yeux, vous en parlerez le langage, vous aimerez, vous admirerez ces hommes que l’on opprime, parce qu’ils ne veulent pas renoncer à ce Dieu ; vous condamnerez l’erreur et l’imposture du monde, lorsque vous aurez appris à vivre pour le ciel, et à mépriser ce que l’on nomme la mort. Vous ne redouterez qu’une seule mort, la véritable mort, celle qui est réservée aux pécheurs condamnés à des feux éternels qui seront à jamais leur supplice ; oui, vous admirerez ces hommes qui endurent ici-bas les tourments du feu pour la justice, et vous proclamerez leur bonheur quand vous connaîtrez ce feu éternel auquel ils ont échappé.

XI. Ce que je vous dis est l’expression véritable de notre foi, c’est le langage même de la raison. Disciple des apôtres, je suis devenu le docteur des nations ; la parole de vérité que j’ai reçue, je la transmets à ceux qui se montrent dignes de la recevoir. Quel homme bien préparé par les premiers éléments de la foi ne s’empresse de s’instruire de toutes les vérités que le Verbe expliquait clairement lui-même aux disciples qui eurent l’avantage de le voir. Il parlait librement, s’inquiétant peu des incrédules qui ne le comprenaient pas ; mais les mêmes choses il les développait ensuite à ses disciples ; et c’est ainsi que ceux qu’il jugeait fidèles connurent les secrets de son Père. Le Père envoya son Verbe pour qu’il fût connu des hommes ; rejeté par son peuple, il a été prêché par les apôtres et cru des nations. C’est lui qui était dès le commencement, et qui a