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lune qui doit prêter son flambeau à la nuit, et les astres qui suivent son cours ; enfin c’est lui qui a tout disposé avec ordre et tout circonscrit dans de justes limites ; à qui tout est soumis, les cieux et tout ce qui est dans les cieux, la terre et tout ce qui est sur la terre, la mer et tout ce qui est au sein de la mer, le feu, l’air, les abîmes, les hauteurs du ciel, les profondeurs de la terre, les régions placées entre la terre et les cieux ; voilà celui que Dieu nous a envoyé, non comme un conquérant chargé de semer la terreur et d’exercer partout un tyrannique empire, ainsi que quelques-uns pourraient le croire. Non, il l’a envoyé comme un roi envoie son fils, lui donnant pour cortége la douceur et la clémence ; il a envoyé ce fils comme étant Dieu lui-même ; il l’a envoyé comme à de faibles mortels ; il l’a envoyé en père qui veut les sauver, qui ne réclame que leur soumission, qui ne connaît pas la violence ; la violence n’est pas en Dieu ; il l’a envoyé comme un ami qui appelle, et non comme un persécuteur ; il l’a envoyé n’écoutant que l’amour ; il l’enverra comme juge, et qui soutiendra cet avénement…

Ne voyez-vous pas qu’on jette ces Chrétiens aux bêtes féroces ? On voudrait en faire des apostats : voyez s’ils se laissent vaincre ! Plus on fait de martyrs, plus on fait de Chrétiens. Cette force ne vient pas de l’homme ; le doigt de Dieu est là ; tout ici proclame son avénement.

VIII. Qui des hommes savait ce que c’est que Dieu avant qu’il vînt lui-même nous l’apprendre ? Sont-ce vos philosophes ? Assurément ils sont bien dignes de foi ! Approuvez-vous leurs opinions si vaines et si ridicules ? Selon ceux-ci, Dieu, c’est le feu. Ils ont appelé Dieu ce feu qu’ils doivent retrouver après cette vie. Selon ceux-là, c’est l’eau, ou quelque autre des substances que Dieu a créées. Admettez tous ces beaux systèmes, et il vous faudra dire de toute créature qu’elle est Dieu. Mais tout ce langage n’est que mensonge, et mensonge monstrueux, imposture de charlatans. Aucun mortel n’a vu Dieu, aucun mortel n’a donc pu le connaître. Il s’est manifesté lui-même ; il se manifeste encore par la foi ; à la foi seule est donné le privilége de le voir.