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ché ! » Ce qui veut dire simplement qu’en faisant pénitence de ses péchés il en obtiendra le pardon, et non pas que Dieu vous pardonnera les vôtres, pourvu que vous ayez connu son saint nom ; car voilà ce que vous dites, et c’est ainsi que vous vous abusez, vous et ceux qui vous ressemblent sur ce point. Nous pouvons appeler, en témoignage du sens que nous donnons à ces paroles, la faute même que commit David par un mouvement de vanité : son péché lui fut remis, il est vrai ; mais c’est parce qu’il l’a pleuré, qu’il en a gémi, comme l’atteste l’Écriture.

Or, s’il a fallu que David fît pénitence pour obtenir grâce et miséricorde ; s’il a pleuré, s’il s’est ainsi humilié, ce roi puissant, l’oint, le prophète du Seigneur, comment des hommes aussi impurs, d’une vie aussi déplorable, peuvent-ils se flatter d’obtenir le pardon de leurs péchés sans les pleurer, sans en gémir ? La conduite de David à l’égard de la femme d’Urie, et la pénitence qu’il fit de son péché, prouvent bien, ô mes amis ! que les patriarches, en épousant plusieurs femmes, ne suivaient pas l’attrait des sens, mais figuraient, par leur conduite pleine de mystères, quelques événements futurs. Car s’il eût été permis à quelqu’un d’avoir à son gré, et de la manière qu’il aurait voulu, autant de femmes qui lui aurait plu d’en avoir, ainsi que le font encore plusieurs d’entre vous, qui prennent partout des femmes sous le nom d’épouses, dans quelque pays qu’ils arrivent ou qu’ils soient envoyés, personne n’était plus en droit que David de se le permettre.

C’est ainsi, mon cher Marcus Pompée, que je terminai la discussion.

Tryphon, après un moment de silence, me dit : — Vous voyez qu’il ne nous a pas fallu faire un grand effort pour entrer en conversation avec nous.

Je ne puis vous dire combien cet entretien m’a été agréable, et je suis persuadé que tous ceux qui m’entourent ont partagé ce plaisir.

Assurément il nous a été plus utile que nous ne l’espérions, et que nous n’aurions osé l’espérer ; s’il nous était possible