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XCVII.Et ce n’est pas sans raison que le prophète Moïse, dont les mains étaient soutenues par Or et Aaron, demeura dans cette position jusqu’au soir. C’est jusqu’au soir, en effet, que notre Seigneur resta sur la croix ; on ne l’en descendit pour l’ensevelir que sur le déclin du jour, et le troisième jour il ressuscita, ainsi que l’avait prédit par ces paroles le prophète David : « Ma voix a crié vers le Seigneur, il m’a exaucé du haut de la montagne. Je me suis endormi, j’ai été plongé dans un profond sommeil, je me suis réveillé parce que le Seigneur est mon appui. » Isaïe ne nous a-t-il pas annoncé le genre de mort qu’il devait souffrir, lorsqu’il lui met ces paroles dans la bouche : « J’ai étendu mes bras tout le jour vers un peuple incrédule, rebelle, et qui marche dans une mauvaise voie. » Ne nous apprend-t-il pas qu’il devait ressusciter, quand il nous dit : « Je lui donnerai la sépulture du riche, son corps enseveli n’est pas resté dans le tombeau ? » N’est-ce point de sa passion et de sa mort que parlait David dans ce passage tout mystérieux : « Ils ont percé mes mains et mes pieds, ils ont compté tous mes os, ils m’ont considéré, ils m’ont examiné, ils se sont partagés mes vêtements, ils ont tiré ma robe au sort. » Et, en effet, les Juifs qui le crucifièrent lui enfoncèrent des clous dans les pieds et dans les mains, et quand ils l’eurent crucifié, ils se partagèrent ses habits, et c’est le sort qui assigna les parts quand ils voulurent choisir. Direz-vous que ce psaume ne s’entend pas du Christ ? Quel est sur toutes choses votre aveuglement ! Vous ne voyez pas que jamais vous n’avez eu chez vous ni de roi, ni de Christ qui ait eu, vivant encore, les pieds et les mains percés, qui soit mort ou plutôt qu’on ait crucifié comme l’indique ce passage mystérieux, excepté Jésus seul !

XCVIII. Mais je veux vous citer le psaume tout entier, vous y entendrez les accents de l’amour du Christ pour son père, vous verrez comme il s’abandonne entièrement à lui, comme il le conjure de l’arracher à cette mort cruelle, comme il sait connaître en même temps les hommes qu’il eut pour ennemis, comme il prouve qu’il s’est véritablement fait chair et qu’il