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cet endroit, jamais ils ne m’ont rien dit de satisfaisant. Continuez donc, je vous prie, le développement que vous avez commencé : nous prêtons la plus grande attention à votre manière d’éclaircir un mystère dont l’obscurité fait blasphémer contre nos divins oracles.

Alors je repris : — Dieu assurément a pu ordonner à Moïse de représenter en airain l’image d’un serpent, sans encourir pour cela le reproche de s’être contredit : eh bien ! de même, vous pouvez trouver dans la loi une sentence de malédiction contre les crucifiés, sans qu’elle frappe le Christ de Dieu, par qui Dieu le père daigne sauver tous ceux dont les œuvres étaient dignes de malédiction.

XCV. Car vous verrez que par le péché tout le genre humain est maudit ; tout homme qui n’accomplit pas fidèlement la loi n’est-il pas maudit par la loi ? Or, qui l’observe en tout point ? Personne. Vous n’oseriez dire le contraire. On s’en écarte toujours plus ou moins ; si ceux qui sont sous la loi se trouvent sous la malédiction portée par la loi, parce qu’ils n’en sont pas toujours exacts observateurs, à plus forte raison, les gentils qui adorent les idoles, qui souillent l’enfance par leur turpitude, et se livrent à tant d’autres infamies, sont-ils frappés de malédiction. Si Dieu le père a voulu que son fils prît sur lui les malédictions de tous les hommes, parce qu’il savait bien qu’en le livrant à la mort, et à la mort de la croix, il pourrait aussi le rappeler à la vie, pourquoi parlez-vous de ce divin fils qui s’est résigné à tant souffrir pour obéir à la volonté de son père, comme s’il eût été frappé de malédiction ? Ne devez-vous pas plutôt pleurer sur vous-mêmes ? Son père a voulu, il est vrai, qu’il passât par toutes sortes de souffrances pour le salut du genre humain ; mais vous qui l’avez livré à la mort, cherchiez-vous à exécuter les desseins de Dieu ? Était-ce par amour pour lui que vous faisiez mourir les prophètes ? Ainsi donc, ne dites pas : « Si Dieu a voulu qu’il souffrît, pour nous guérir tous par ses blessures, nous sommes sans crime. » Oui, si en tenant ce langage, vous êtes touchés de repentir, si vous reconnaissez qu’il est le Christ, si vous observez désormais sa loi ; oui, vous