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des frères, ils sont commis sans aucun scrupule ; car c’est une maxime de gouvernement regardée comme aussi certaine qu’un principe de géométrie, qu’un roi, pour sa propre sûreté, ne peut se dispenser de tuer son frère. »

Il faut s’arrêter ici et remarquer à quel degré de corruption la nature humaine était alors descendue. La dégradation des mœurs politiques sous l’empire était telle, que la peinture que nous en ont laissée les historiens et les poëtes a fait dire avec raison que nos contemporains les plus vicieux pourraient presque se croire d’honnêtes gens en comparaison des Romains.

C’est au milieu de cette profonde corruption et de ces épaisses ténèbres que Pierre et Paul étaient arrivés à Rome, pour fonder dans cette ville une société d’hommes appelée du nom d’Église, annonçant le Dieu créateur du ciel et de la terre, des choses visibles et invisibles, le Dieu qui conserve le monde par une sagesse toujours présente à tous les événements, la création de l’homme dans un état d’innocence et d’immortalité, sa chute par l’abus de sa liberté, la transmission de cette faute originelle à toute la race humaine, et enfin la rédemption de l’univers par la venue du fils de Dieu, qui s’est fait homme pour élever l’homme jusqu’à la Divinité. Cette Église avait vu toutes les merveilles du fils de Dieu qu’elle enseignait au monde, et les Chrétiens mouraient pour témoigner leur foi, et leur morale était aussi sublime que leur vie. Aussi peut-on appliquer à l’Église de Rome ce que les Actes disent de l’Église de Jérusalem :

« Tous ceux qui composaient cette Église persévéraient dans la doctrine des apôtres, dans la communion de la fraction du pain et dans la prière. Unis ensemble par la foi, ce qu’ils avaient était possédé en commun. Ils vendaient leurs biens, et ils les distribuaient à tous suivant le besoin de chacun. Ils rompaient le pain dans les maisons, ils prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur, louant Dieu et se faisant aimer de tout le peuple. Toute la multitude de ceux qui croyaient n’était qu’un cœur et qu’une âme ; aucun d’eux ne s’appropriait rien de ce qu’il possédait, mais ils mettaient tout en