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La Mauritanie était une province romaine, et les aigles de l’empire avaient dépassé le mont Athos. Les Frisons avaient été domptés par Corbulon, qui fit revivre un moment la discipline et la gloire de l’ancienne Rome.

Qu’on juge des mœurs de cette époque ! Les combats de gladiateurs avaient pris un caractère de férocité jusqu’alors inconnu ; et les supplices étaient devenus si multipliés, qu’on avait enlevé les statues d’Auguste, placées au lieu des exécutions, pour ne pas être obligé de les voiler sans cesse ou de les rendre témoins de tant de meurtres. Les femmes mêmes et jusqu’aux vestales se plaisaient à ces spectacles de mort. Quarante-cinq hommes et quatre-vingt-cinq femmes venaient d’être punis pour crime d’empoisonnement. Claude, lorsqu’il était sorti de l’état d’ivresse qui lui était presque habituel, envoyait inviter à sa table des gens qu’il avait fait périr la veille. On ne savait ce qui devait le plus étonner, de la stupidité de ce prince ou des dissolutions de Messaline, sa femme[1]. Sur un des rêves prétendus de l’impératrice, Claude avait ordonné le supplice du gouverneur de l’Espagne, de Silanus. Tout était à l’encan ; et, dans l’espace de cinq années du règne de ce prince, on compta plus de parricides à Rome qu’on n’en avait vu dans tous les siècles précédents.

On sait quelle était alors la condition des femmes et des esclaves. Les maîtres exposaient dans l’île d’Esculape leurs esclaves malades, pour s’épargner le soin de les soigner et de les nourrir. Claude voulut en vain abolir les sacrifices humains dans les Gaules ; Auguste s’était contenté de les interdire aux citoyens romains. On attenta à la vie de Claude, il vint pleurer au sénat le malheur de sa condition. Scribonianus se révolta contre lui, et lui écrivit pour lui ordonner d’abdiquer l’empire : Claude délibéra s’il n’obéirait pas à ses ordres. Narcisse et Messaline mirent dans la conspiration tous ceux dont ils voulurent avoir les biens. Claude jugeait les prévenus, ses affranchis assis à côté de lui. Messaline récompensait les maris dont

  1. Vitellius fut nommé consul, à cause de ses honteuses adulations en-