Page:Genoude - Les Pères de l'Eglise, vol. 1.djvu/81

Cette page a été validée par deux contributeurs.

destruction de la société ; car, en supposant qu’il n’eût point paru sur la terre, le monde romain était menacé d’une dissolution épouvantable. Les lumières n’avançaient plus, elles reculaient ; les arts tombaient en décadence. La philosophie ne servait qu’à répandre une sorte d’impiété qui, sans conduire à la destruction des idoles, produisait les crimes et les malheurs de l’athéisme dans les grands, en laissant aux petits ceux de la superstition. Le genre humain avait-il fait des progrès, parce que Néron ne croyait plus aux dieux du Capitole et qu’il souillait par mépris les statues de ses dieux ? Les Romains admettaient l’infanticide et la dissolution du lien du mariage, qui n’est que le premier lien social ; leur probité et leur justice étaient relatives à la patrie, elles ne passaient pas les limites de leur pays. La pudeur et l’humanité n’étaient pas mises au nombre des vertus. La classe la plus nombreuse était esclave, les sociétés flottaient sans cesse entre l’anarchie populaire et le despotisme. Voilà les maux auxquels le Christianisme apportait un remède certain, comme il l’a prouvé en délivrant de ces maux les sociétés modernes. Il fallait qu’il y eût des martyrs de chasteté, quand il y avait des prostitutions publiques ; des pénitents couverts de cendres et de cilices, quand la loi autorisait les plus grands crimes contre les mœurs ; des héros de la charité, quand il y avait des monstres de barbarie. Enfin, pour arracher tout un peuple corrompu aux vils combats du cirque et de l’arène, il fallait que la religion eût, pour ainsi dire, ses athlètes et ses spectacles dans les déserts de la Thébaïde. Jésus-Christ peut donc, en toute vérité, être appelé dans le sens matériel le Sauveur du monde, comme il l’est dans le sens spirituel. Son passage sur la terre est, humainement parlant, le plus grand événement qui soit jamais arrivé parmi les hommes, puisque c’est à partir de la prédication de l’Évangile que la face de la terre a été renouvelée. »

Nous renvoyons nos lecteurs aux livres saints, pour lire l’histoire de l’Homme-Dieu : c’est là qu’il faut la chercher. Comment oser, en effet, raconter autrement que les écri-