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et qui couvrit la face de l’Europe pendant plusieurs siècles ? Quoique devenus Chrétiens, les conquérants conservèrent longtemps la grossièreté de leurs mœurs, et surtout leurs habitudes de guerre, qui leur donnaient le plus profond mépris pour l’instruction ; d’un autre côté, les vaincus, dépouillés de leurs propriétés, et réduits à la condition de serfs, n’avaient plus ni le moyen ni le temps de s’instruire. Il faut dire aussi que la rareté des livres fut une cause qui entretint longtemps l’ignorance. Les Romains écrivaient sur du papier fait avec l’écorce de papyrus, qu’ils tiraient de l’Égypte. Cette contrée étant tombée au pouvoir des Sarrasins au 7e siècle, on fut réduit, dans tout l’Europe, à se servir du parchemin, dont l’excessive cherté rendit les livres très-rares.

Les hérésies du 16e siècle et leurs successeurs, les incrédules du 18e, n’ont pas manqué de fouiller dans les siècles d’ignorance pour en tirer des arguments contre la religion catholique. Il est impossible, disent-ils, qu’un clergé aussi ignorant n’ait pas changé plusieurs points de la foi. Oui, sans doute, si la foi dépendait des hommes. Mais il est de fait que les pasteurs catholiques de cette époque, si ignorants qu’ils fussent, selon vous, conservèrent et transmirent à leurs successeurs le dépôt de la foi tel qu’ils l’avaient reçu de leurs prédécesseurs ; il est de fait qu’ils enseignèrent, sans addition ni diminution, tout ce qu’enseigne aujourd’hui l’Église et tout ce qu’ont enseigné les Pères des six premiers siècles. Cette vérité est écrite dans tous les monuments qui nous restent des 7e, 8e, 9e, 10e et 11e siècles. On a mille fois défié les protestants de citer une seule variation de la foi dans ces temps où les sociétés civiles subissaient de continuelles variations. Ils n’ont pu produire que des allégations, jamais un fait positif. Qui donc préserva les pasteurs de cette époque des erreurs où leur ignorance aurait dû naturellement les entraîner, surtout en des matières qui sont si profondément élevées au-dessus de l’intelligence humaine ? Qui ? Eh ! comment ne le voyez-vous pas ? C’est celui qui a promis à ses apôtres et à leurs successeurs d’être avec eux tous les jours jusqu’à la fin du monde.