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romaine, et qui remonte aux apôtres par une succession non interrompue de pasteurs.

On ne peut pas douter de la fidélité des Pères apostoliques. Ils ont transmis la doctrine à leurs successeurs telle qu’ils l’avaient reçue de leurs maîtres ; et la preuve qu’ils n’y ont rien ôté ni ajouté, c’est qu’ils ont répandu leur sang pour attester et confirmer cette même doctrine. « J’en crois volontiers, dit Pascal, des témoins qui se font égorger. » Quand saint Ignace écrivait à l’Église de Rome que le seul pain et le seul vin dont il avait besoin pour se préparer au martyre, c’était la chair et le sang de Jésus-Christ, n’est-ce pas la foi romaine comme la foi d’Antioche, la foi de saint Pierre et de saint Paul, qui avaient instruit les Romains, comme la foi de saint Jean qui l’avait instruit lui-même, qu’il proclamait ?

On ne peut pas non plus douter de la fidélité des Pères du 2e siècle, qui n’ont pas vu les apôtres, il est vrai, mais qui ont été instruits par leurs disciples et successeurs immédiats. Ces Pères sont aussi des martyrs et des saints, et ils protestent qu’il n’y a rien de plus sacré pour eux que de garder intact le dépôt de la foi qui leur vient des apôtres par les évêques qui leur ont succédé. C’est par l’autorité de cette tradition qu’ils combattent les hérésies de leur temps.

L’apôtre des Gaules, saint Irenée, évêque de Lyon et martyr, apprend qu’un évêque d’Orient, nommé Florin, est tombé dans l’hérésie. Il avait connu, dans sa première jeunesse, ce personnage à Smyrne, où ils suivaient ensemble, n’étant l’un et l’autre que simples fidèles, les prédications de saint Polycarpe, disciple de saint Jean, l’apôtre bien-aimé de Jésus-Christ. Saint Irenée entreprend de ramener Florin à la foi ; que lui écrit-il ? Une seule chose : qu’il ne lui est pas permis de s’écarter de la tradition apostolique qui leur a été enseignée par le bienheureux Polycarpe.

« Ce n’est point là, lui mande-t-il, la doctrine que nous ont transmise les évêques qui nous ont précédés et qui ont été les disciples des apôtres ! Étant fort jeune encore, je vous ai vu à Smyrne chez le bienheureux Polycarpe, lorsque, vivant