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des hommes, qui puisse produire dans un faible mortel une abnégation si entière de toute affection terrestre, un désir si ardent de souffrir et de mourir à l’exemple du Sauveur, une joie si inconcevable au milieu même des supplices qu’il endure pour la foi.

Si leur éloquence est si grande, que dire de leur autorité ? Observons qu’on ne doit point s’attacher aux sentiments particuliers des Pères, mais à leurs sentiments universels. Les opinions individuelles et isolées, quelle que soit la gravité de leurs auteurs, n’ont pas d’autorité dans une Église qui a pour règle de foi ce qui a été cru toujours, partout et par tout le monde. Quod semper, quod ubique, quod ab omnibus creditum est, id pro catholicâ fide tenendum. (Vincent de Lérins.)

D’après la même règle, l’autorité des docteurs d’une Église particulière, quelque nombreux et quelque unanimes qu’ils soient, n’est pas suffisante pour établir un point de doctrine ; car cette doctrine n’est pas catholique, puisqu’elle n’est que celle d’une Église particulière. Ainsi la doctrine de saint Cyprien et des évêques d’Afrique, sur l’invalidité du baptême reçu dans le schisme et l’hérésie, a disparu devant la tradition de l’Église romaine et des autres Églises.

Mais il faut croire, comme étant la foi catholique, ce que les Pères de différents siècles et de différents pays enseignent unanimement sur le sens de l’Écriture-Sainte, sur les dogmes et la morale de la religion ; car l’unanimité de leur enseignement prouve qu’ils enseignent ce qui a été cru toujours et partout.

Ils enseignent ce qui a été cru toujours.

Parmi les Pères dont les écrits sont venus jusqu’à nous, les uns, tels que saint Clément, pape, saint Ignace, évêque d’Antioche, saint Polycarpe, évêque de Smyrne, ont reçu la doctrine de la foi de la bouche même des apôtres ; les autres l’ont reçue des disciples des apôtres ; le plus grand nombre l’a reçue de la tradition qui s’est conservée dans les Églises apostoliques, particulièrement dans la première de toutes, l’Église