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chanceté, et les hommes qui leur ressemblent n’ont pas manqué de les adopter. Ensuite la raison s’est fait jour, et à sa lumière on a vu qu’il s’en fallait de beaucoup que toutes les idées fussent saines et toutes les lois sages ; que le bien et le mal se trouvaient mêlés. » Voilà ma réponse aux adversaires. Je puis leur donner d’autres raisons semblables et plus développées, s’il le faut ; mais je rentre dans mon sujet.

X. Il est évident que notre doctrine l’emporte sur toutes les doctrines humaines. Car tout ce qui est le Verbe se trouve dans le Christ qui nous a apparu : le Christ tout à la fois Verbe, corps et âme. Ce que vous trouvez d’admirable dans les législateurs et les philosophes découle de ce Verbe, qu’ils ont entrevu sous quelques rapports ; mais comme ils n’ont pas connu tout ce qui est du Verbe, c’est-à-dire Jésus-Christ, ils sont souvent tombés dans les plus étranges contradictions avec eux-mêmes ; et parmi les sages qui ont paru avant que Jésus-Christ vînt comme homme sur la terre, ceux qui entreprirent de tout examiner, de tout réformer à l’aide de la raison, furent mis en jugement comme des impies, comme de hardis investigateurs. Le plus ferme, le plus inébranlable de tous fut en butte à toutes les calomnies répandues aujourd’hui contre nous. On disait de lui : « Il introduit le culte de nouveaux génies, et refuse de reconnaître comme dieux les divinités de son pays. »

En proscrivant les mauvais génies comme les seuls auteurs de tous les crimes que racontent les poëtes, il conseillait de bannir aussi ces derniers et Homère à leur tête.

Et parce que tous ignoraient le vrai Dieu, il les exhortait à faire usage de leur raison pour arriver à cette connaissance, et leur disait :

« Ce n’est pas sans peine que vous parviendrez à découvrir le Dieu père et créateur de tout ce qui existe, ni sans danger que vous le ferez connaître, quand vous l’aurez découvert. » Ce que l’homme n’a pu faire, le Christ l’a fait par sa puissance. Voyez ce même Socrate : personne n’a cru à sa parole au point de vouloir mourir pour sa doctrine ; et le Christ, qu’il n’avait fait qu’entrevoir, le Verbe qui pénètre tout, qui a