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qui sont incapables de choisir et de se déterminer librement. Je le répète l’homme, ne serait digne ni d’éloge ni de récompense s’il faisait le bien, non de son plein gré, mais par une suite nécessaire de sa nature ; il ne mériterait pas non plus d’être puni s’il faisait le mal, puisqu’il ne serait pas méchant par choix et qu’il ne pourrait réformer le caractère qu’il apporte en naissant.

XLIV. Mais nous savons de l’Esprit saint même qui animait les prophètes que l’homme est libre ; il nous apprend par Moïse que Dieu parla en ces termes au premier homme, après l’avoir créé : « J’ai mis devant toi le bien et le mal, choisis donc le bien. » C’est dans ce sens que le prophète Isaïe a dit, au nom du souverain maître et créateur de toutes choses : « Lavez-vous, purifiez-vous ; faites disparaître de devant mes yeux la malice de vos pensées, apprenez à faire le bien, aimez la justice, relevez l’opprimé, protégez l’orphelin, défendez la veuve, et venez et accusez-moi, dit le Seigneur, si vos péchés aussi rouges que l’écarlate et le vermillon ne deviennent comme la neige et la toison la plus blanche. Ô Sion, si tu écoutes ma voix, tu jouiras des fruits de la terre ; si tu es indocile et rebelle, mon glaive te dévorera, car le Seigneur a parlé. » Remarquez ces mots : « Mon glaive te dévorera. » Ils ne signifient pas que celui qui refuse d’obéir périra par le fer. Le glaive de Dieu est ici comparé à un feu dont devient la proie tout homme qui se porte volontairement au mal. S’il s’agissait ici d’un glaive qui frappe et qui rentre ensuite dans le fourreau, Dieu n’aurait pas employé cette expression : « qui te dévorera. » Cette pensée de Platon : « La faute est à celui qui se détermine par un libre choix, et non pas à Dieu, » est évidemment empruntée à Moïse ; et d’ailleurs, où vos poëtes, où vos philosophes ont-ils pris tout ce qu’ils ont dit d’une âme immortelle, d’un jugement après la mort, des choses célestes et d’autres dogmes semblables, sinon dans les livres des prophètes ? Voilà la source où ils ont puisé toutes ces grandes idées qu’ils ont après reproduites à leur manière.

De là vient que vous rencontrez chez tous quelques germes de vérité, bien imparfaits sans doute, témoins leurs étranges