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qu’il soit Chrétien. Voilà la seule grâce que nous sollicitons. Pour nos délateurs, nous ne vous demanderons jamais de les punir ; ils le sont assez par la perversité de leurs cœurs et par leur ignorance de la vérité.

VIII. Princes, c’est uniquement dans vos intérêts que nous vous tenons ce langage. Une simple observation vous le fera comprendre : interrogés, ne pourrions-nous pas dissimuler ce que nous sommes ? Toutefois nous ne le ferons jamais, parce que nous ne voulons pas d’une vie achetée par le mensonge. Dévorés de l’ardent désir d’une vie pure et éternelle, nous ne soupirons qu’après cette terre promise, cet heureux séjour où nous devons vivre à jamais avec le Dieu créateur et père de tout ce qui existe. Nous nous hâtons dès lors de nous faire connaître, convaincus, persuadés que nous sommes que tant de félicité est l’assuré partage de ceux qui n’auront pas craint de se déclarer pour ce Dieu, et dont le cœur n’aura cessé d’aspirer après ce séjour où doit enfin finir la lutte des passions.

Voilà en peu de mots quel est l’objet de notre attente et le fond de notre doctrine. Platon a dit, au sujet des méchants, qu’après leur mort ils devaient comparaître devant Minos et Rhadamante, pour entendre de la bouche de ces juges la sentence qui les enverrait au supplice. Et nous aussi, nous leur annonçons un châtiment ; mais c’est le Christ lui-même qui le prononcera ; c’est dans leur corps et dans leur âme réunis qu’ils doivent le subir ; et sa durée ne sera pas seulement de mille ans comme le dit Platon, elle sera éternelle.

Mais, direz-vous, cela est impossible, ce n’est pas croyable. Eh bien ! quand je vous accorderais que nous nous trompons sur ce point, après tout cette erreur est-elle un crime ? Fait-elle de nous des coupables dignes de châtiment ?

IX. Nous n’entourons pas, il est vrai, vos autels d’une foule de victimes, ni de guirlandes de fleurs. C’est que nous n’adorons point les ouvrages de l’homme placés dans des temples sous le nom de quelques divinités. De vains simulacres, sans âme et sans vie, ne peuvent être l’image du vrai Dieu, mais plutôt celle de ces démons qui parurent autrefois et dont ils portent les