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tremble, la terre, les montagnes, la vaste profondeur des mers, les sommets des collines. Il peut tout ; la gloire est à ce Dieu très-haut. »

Eschyle n’a pas eu seul l’avantage de connaître le vrai Dieu. Écoutez Sophocle ; c’est ainsi qu’il décrit l’ordre établi dans l’univers par cet être unique, seul créateur de tout ce qui existe :

« Dans la vérité, il n’existe qu’un seul Dieu ; c’est lui seul qui a fait le ciel et la vaste terre, et la mer azurée, et les vents impétueux. Mais la plupart des mortels, dans l’égarement de leur cœur, dressent des statues de bois et d’airain, des simulacres de divinités faits d’or et d’ivoire, et vont chercher dans ces vaines images une consolation à leurs maux. Ils leur offrent des sacrifices, ils leur consacrent des fêtes et s’imaginent être pieux. »

Philémon, qui possède et sait si bien reproduire toute la science antique, me paraît également avoir saisi la vérité quand il parle ainsi de Dieu :

« Quelle idée convient-il d’en avoir ? Dites-le moi : il est celui qui voit tout et qu’on ne peut voir. »

Nous pouvons aussi invoquer le témoignage d’Orphée, qui avait introduit le culte de trois cent soixante divinités, et qui, dans le livre intitulé : Les Préceptes, désavoue son erreur et en manifeste du repentir, comme on peut le voir par les paroles suivantes :

« Je parle aux initiés : sortez profanes, que les portes du temple se ferment pour vous ! Ô toi, Musée, fils de la brillante Sélène, prête une oreille attentive à mes accents : je vais maintenant te dévoiler la vérité. Que tout ce que tu as cru voir dans mon cœur ne t’égare pas de la voie qui mène à l’éternelle félicité. Ô mon fils, tourne tes regards sur le Verbe divin. C’est là qu’il faut attacher ton cœur. Dirige vers lui ta pensée, marche dans cette voie droite ; ne contemple que ce roi du monde. Seul il existe par lui-même ; et tout existe par lui seul ; nul mortel ne le voit et il les voit tous. Seul il distribue dans sa justice les maux qui affligent les hommes, la guerre si affreuse, la douleur source de tant de larmes ; le