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corps qui a été formé dans le sein de la vierge Marie et attaché à la croix se reproduise un million de fois par jour dans le million de messes qui se disent par jour. Donc les paroles de Jésus-Christ : Ceci est mon corps, ceci est mon sang, signifient seulement que le pain est la figure de son corps et le vin la figure de son sang.

À merveille, répliqua Socin ; mais il n’est pas moins impossible à la raison de concevoir un Dieu qui se fait homme, qui souffre et qui meurt. Donc, tous les passages où l’Écriture paraît établir la divinité de Jésus-Christ doivent être interprétés et pris dans un sens métaphorique.

Mais pourquoi ne pas aller plus loin, ont dit à leur tour les philosophes ? Pourquoi s’arrêter dans les conséquences du principe de la réforme ? Un principe vrai ne produit pour conséquences que des vérités. Pourquoi donc ne pas s’en servir pour réformer l’Évangile tout à fait, au lieu de se borner à remplacer son sens naturel par des sens figurés qui sont de pure invention ? Le sens naturel choque la raison ! Il lui offre des incompréhensibilités qui la révoltent ! Eh bien, qu’en faut-il conclure ? Tout simplement que l’Évangile ne vient pas de Dieu, il n’y a point de révélation faite par Dieu. Parmi les religions répandues sur la terre, où en trouver une qui ait autant de titres à la croyance des hommes que la religion chrétienne ? Donc, si celle-ci est fausse, toutes les autres le sont à plus forte raison. Il ne reste donc que la religion naturelle. Voilà comment les philosophes modernes ont été amenés par les conséquences du principe protestant à se déclarer anti-chrétiens et déistes.

Ces apôtres du déisme sont-ils demeurés attachés à la religion naturelle ? Pas plus qu’à la religion révélée. Ils n’ont pu s’entendre ni sur les dogmes, ni sur les préceptes dont ils composeraient leur religion naturelle, rencontrant partout des difficultés insolubles, des obscurités non moins impénétrables que les mystères révélés.

Faut-il rendre un culte à Dieu, et quel culte faut-il lui rendre ? Ils n’en savent rien ; et, en effet, l’homme n’a aucun