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« Là étaient de grands arbres toujours couverts de fleurs et de fruits, des pommiers, des poiriers et d’autres produisant des fruits magnifiques, de douces figues et des olives toujours vertes. Aucun de ces arbres n’est jamais dépouillé de fruits ; ni l’hiver, ni l’été ne les rend stériles ; ils produisent toute l’année, et le souffle fécondant d’un zéphyr éternel fait naître les uns et mûrir les autres. La poire remplace la poire, la pomme remplace la pomme, le raisin succède au raisin, la figue succède à la figue. Le soleil y mûrit sans cesse de riches vendanges sur des côtes spacieuses ; pendant que l’on vendange d’un côté, on presse le raisin de l’autre ; tandis que, plus loin, des grappes nouvelles s’élancent du cep : ici le cep est en fleur, là le raisin achève de mûrir. » (Odyss. VIII, 117.)

Ne trouve-t-on pas là une imitation claire, frappante de la description que Moïse, le prince des prophètes, a faite du paradis terrestre dans la Genèse ? Nous trouvons aussi dans le même poëte une imitation, sous la forme d’allégorie, du passage de la Genèse relatif à la tour de Babel, au moyen de laquelle des hommes avaient conçu la pensée d’escalader le ciel. En parlant d’Otus et d’Éphialte, le poëte dit :

« Ils menaçaient d’attaquer les dieux jusque dans l’Olympe qu’ils habitent, et ils tentèrent d’entasser l’Ossa sur le mont Olympe, et le Pélée sur l’Ossa, afin d’escalader le ciel. »

On trouve également dans Homère la chute de l’ange coupable qui fut précipité du ciel, et qui devint ensuite l’ennemi du genre humain : c’est celui que les Écritures nomment diable, et qui fut ainsi appelé en souvenir du mensonge qu’il avait employé pour tromper nos premiers parents. Le poëte, il est vrai, ne lui donne pas le nom de diable, mais il l’appelle Noxa, exprimant ainsi par un seul mot toute sa perfidie. Il dit donc que ce Noxa fut précipité du ciel ; son récit semble emprunté à Isaïe et rappelle les paroles mêmes du prophète. Voici ce qu’il dit :

« Aussitôt il saisit Atée par sa chevelure qui flottait sur son cou en boucles brillantes, et dans sa colère divine il jura par le firmament immuable que jamais Atée, qui cause le malheur