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pour être les fils de la terre, vivait Moïse, chef et gouverneur de la nation juive. Polémon, dans son premier livre de l’Histoire grecque, Appion de Possidoine, dans son ouvrage contre les Juifs, livre quatrième, racontent que, sous le règne d’Inachus, roi d’Argos, les Juifs, sous la conduite de leur chef Moïse, s’enfuirent de l’Égypte, lorsque Amasis régnait sur cette contrée. Ptolémée de Mendès, dans son Histoire d’Égypte, rapporte les mêmes faits. Tous ceux qui ont écrit sur l’histoire d’Athènes, Hellanicus Philocorus, auteur des antiques, Castor, Thallus, et Alexandre Polyhistor, s’accordent avec les plus savants historiens de la nation, Philon et Josèphe, pour regarder Moïse comme le plus ancien des chefs de cette nation. Ainsi l’historien Josèphe voulant que son ouvrage donnât l’idée de l’antiquité de l’histoire qu’il allait écrire, l’a intitulé : Livre des Antiquités juives, par Flavius Josèphe ; il indiquait par ce titre que c’était une histoire antique qu’il allait raconter. À ces autorités nous joindrons celle du plus célèbre de vos historiens, Diodore, qui passa trente années de sa vie à extraire tous les livres de vos bibliothèques, qui, après avoir parcouru, comme il le dit lui-même, l’Europe et l’Asie, pour observer et s’instruire, et rassembler des matériaux, composa les quarante livres d’histoire qu’il vous a laissés. Dans son premier livre, il nous apprend qu’il tenait des prêtres égyptiens que le plus ancien législateur était Moïse ; et il parle de lui en ces termes : « Après le premier âge du monde, qui, selon la fable, aurait été le temps du règne des dieux et des héros, Moïse serait le premier qui aurait fait sentir aux hommes la nécessité d’avoir des lois écrites ; c’était un homme qui s’est rendu très-célèbre par sa grandeur d’âme et par toutes les connaissances utiles qu’il a enseignées aux hommes. » Un peu plus loin, passant en revue les plus anciens législateurs, il place Moïse à leur tête, et il s’exprime ainsi : « On rapporte que, chez les Juifs, Moïse attribue ses propres lois au Dieu qu’on appelle Jao, soit qu’on ait considéré comme divine et admirable cette conception de Moïse, qui devait être si utile aux hommes, soit que ce fût un moyen de la rendre plus sainte et plus inviolable