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fils d’Aloüs, le lièrent de fortes chaînes, et pendant treize mois le retinrent dans une prison d’airain ; Junon a souffert, quand le vaillant fils d’Amphytrion lui blessa la mamelle droite d’une flèche à triple dard : alors une douleur violente s’empara d’elle ; Pluton, le puissant dieu, a aussi connu la souffrance, lorsque le même héros, fils de Jupiter, aux portes mêmes de son royaume, au milieu des morts, lui décocha une flèche rapide qui le livra à des douleurs aiguës : alors il alla au palais de Jupiter, et tourmenté par le mal (car la flèche avait pénétré dans son épaule et aigrissait son esprit), il fit retentir l’Olympe de ses gémissements. » (Ibid. 383-393.)

Si vous voulez avoir une idée des combats que les autres divinités se livraient entre elles, votre poëte vous l’apprendra dans les vers qui suivent :

« Au moment du combat des dieux, quel bruit s’éleva ! Au roi Neptune était opposé Phébus Apollon, qui porte des flèches ailées ; à Mars, Minerve aux yeux d’azur ; contre Junon marchait, armée d’un arc d’or, la déesse qui se plaît à lancer des flèches, Diane, la sœur d’Apollon, qui lance au loin ses traits ; contre Latone marchait le bienfaisant et sage Mercure. » (Iliad.)

Voilà ce qu’Homère vous apprend au sujet de vos dieux. Et ce n’est pas seulement Homère qui parle de cette manière, mais encore Hésiode. Si donc vous ajoutez foi en ceux de vos poëtes les plus célèbres qui ont écrit la généalogie de vos dieux, il vous les faut accepter tels qu’ils les ont représentés, ou reconnaître qu’ils ne sont pas des dieux.

III. Mais peut-être rejeterez-vous le témoignage de vos poëtes, sous prétexte qu’ayant le droit d’imaginer tout ce qui leur plaît, ils ont pu débiter ainsi les fables les plus absurdes à l’égard de vos divinités, et qui ne s’accordent nullement avec la vérité. Quels sont alors, dites-nous, vos autres maîtres, en fait de religion ? D’où l’auraient-ils apprise ? Car des mystères aussi sublimes et aussi relevés n’ont pu leur être enseignés que par des hommes qui en possédaient avant eux la connaissance. Vous ne manquerez pas de répondre en nous citant vos philosophes