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doctrine en était l’abjuration et le renversement ! Quel manque de perspicacité ! Que dit l’Église dans ce symbole ? Qu’elle croit en un seul seigneur Jésus-Christ : Et in unum Dominum Jesum-Christum. Il n’y a donc qu’un seul Jésus-Christ, qu’une seule personne en Jésus-Christ, et non pas deux personnes, deux Jésus-Christ. Et quelle est la personne qui a pris un corps dans le sein de la vierge Marie, qui a souffert sous Ponce-Pilate, et répandu jusqu’à la dernière goutte de son sang sur la croix pour nous hommes, et pour notre salut, propter nos homines et propter nostram salutem ? La foi de Nicée répond que c’est « Jésus-Christ, fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Dieu de Dieu, lumière de lumière, Dieu vrai du Dieu vrai, engendré et non fait, consubstantiel au Père. » Il faut donc croire, quelque incompréhensible que cela soit pour nous, que le fils unique de Dieu, Dieu de Dieu, s’est uni la nature humaine d’une manière si intime et si parfaite, que ce n’est pas une fiction, mais une réalité, que ce n’est pas une figure, mais une vérité exacte et précise, de dire que Dieu est né de la vierge Marie, et que la vierge Marie est la mère de Dieu ; que le fils de Dieu, impassible comme Dieu, s’est fait chair, et verbum caro factum est, afin de pouvoir souffrir pour nous, s’immoler pour nous, et nous racheter par une rançon d’un prix infini ; en un mot, il faut croire que tous les actes de Jésus-Christ, selon sa nature humaine, étaient les actes de sa personne divine unie hypostatiquement à la nature humaine, ne faisant qu’un avec elle, étant le principe de ses affections, de ses volontés, de ses actions.

Ils étaient inconséquents, les eutychiens qui, pour défendre contre le nestorianisme l’unité de personne en Jésus-Christ, s’imaginèrent de confondre ses deux natures, au point de dire que la nature humaine avait été absorbée par la nature divine, comme une goutte d’eau l’est par la mer, ou comme la matière combustible jetée dans une fournaise est absorbée par le feu ; que, par cette absorption, il n’y avait plus rien d’humain en Jésus-Christ, et que l’humanité s’était comme fondue et convertie en la Divinité.