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Ignace lorsqu’il passa par leur ville pour aller à Rome, où il devait consommer son martyre. Saint Polycarpe leur écrivit pour avoir des nouvelles de cet hôte illustre qu’ils avaient eu le bonheur de posséder. Mais en même temps, à l’imitation des apôtres et des écrivains des temps apostoliques, il adresse des instructions à tous les fidèles, il parcourt tous les rangs et tous les états pour apprendre à chacun ses devoirs, et à tous en général il inspire la plus grande horreur des doctrines nouvelles et des hérétiques qui dogmatisaient alors. On avait tant de respect pour cette lettre, qu’on la lisait encore publiquement dans les Églises d’Asie, trois cents ans après : c’est ce que nous apprenons de Justin qui en loue la belle simplicité. Eusèbe dit qu’elle était fort répandue de son temps. Saint Jérôme en recommande la lecture comme un des aliments les plus utiles à la piété. Saint Irenée en fait un grand éloge dans son septième livre contre les hérésies.

Saint Polycarpe parle en ces termes de Jésus-Christ : « C’est le fils de Dieu, dont tout reconnaît le pouvoir sur la terre et dans les cieux. Tout lui obéit comme au souverain maître de la vie et de la mort. Dieu redemandera son sang à ceux qui refuseront de croire en lui. » Il rend aussi le plus glorieux témoignage à saint Paul et rappelle aux Philippiens la lettre qu’ils avaient reçue de ce grand apôtre. « Ni moi, ni aucun homme, dit-il, nous ne pourrions atteindre à la sublime philosophie de Paul, qui prêcha avec tant de zèle et de courage la parole de vérité aux hommes de son époque. »

Le caractère qu’il trace du véritable pasteur est de la plus grande beauté. Cette épître forme donc aussi un anneau précieux de l’antique tradition. Dans la traduction nouvelle que nous offrons, on a cherché à lui conserver toute la simplicité qui la caractérise.