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sion et sa résurrection, surtout si le Seigneur daigne m’éclairer de ses lumières. C’est par la grâce qui découle de son nom que vous vous trouvez tous ensemble réunis dans une même foi, en un même Jésus-Christ, du sang de David selon la chair, tout à la fois fils de Dieu et fils de l’homme.

Soyez toujours soumis à l’évêque et aux prêtres dans cet esprit d’union indivisible, rompant avec eux un même pain, aliment d’immortalité, antidote contre la mort, éternelle vie en Jésus-Christ.

Puissé-je donner ma vie pour vous et pour ceux que vous avez envoyés à Smyrne dans la vue de procurer la gloire de Dieu ! C’est de cette ville que je vous écris, le cœur plein de reconnaissance pour Dieu et d’amour pour Polycarpe, qui partage avec vous toute ma tendresse.

Ne m’oubliez pas plus que Jésus-Christ ne vous oublie. Priez pour l’Église de Syrie, d’où je suis emmené à Rome chargé de chaînes, moi le dernier des fidèles de cette Église où Dieu a daigné me prendre pour me faire servir à sa gloire. Je vous salue en Dieu le père et en Jésus-Christ, notre commune espérance[1].

  1. Le monde était alors plongé dans une corruption universelle. « L’histoire des rois de Macédoine, d’Égypte et de Syrie, dit Fleury dans les Mœurs des Chrétiens, fournit des exemples de tous les vices et des débauches les plus monstrueuses. On sait en quelle réputation étaient Alexandrie, Antioche et Corinthe. On sait combien étaient fameux par leurs délices et leur mollesse les villes de l’Ionie et de l’Asie mineure. Ce fut cependant au milieu de cette corruption que le Christianisme prit naissance, ce fut dans ces mêmes villes que se formèrent les Églises les plus illustres. Qui ne sait ce qu’étaient les cérémonies de Bacchus et celles de Cybèle ? On voyait partout Vénus, Adonis, Ganimède, et tous les déguisements de Jupiter. Il n’y avait point de jardin qui n’eût l’image d’un dieu ridicule qui y présidait. Les femmes ne chantaient que les louanges des dieux, comme on le voit dans Virgile et dans Ovide, et presque tous les spectacles étaient infâmes ou cruels. »