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leur développant la morale de l’Évangile avec cette onction que la parole d’un père sait toujours faire sentir ! Quel spectacle que celui d’une mère entourée des vierges qu’elle formait par ses exemples et ses leçons, mêlant au silence du travail le chant de ces divins cantiques si propres à embrâser les âmes du feu sacré de la charité ! Jour et nuit ils puisaient dans ces sources divines leurs consolations et leurs espérances. Obligés de fuir l’épée des persécuteurs, ils étaient heureux dans les forêts, dans les autres, dans le creux des rochers, s’ils y pouvaient porter les saintes Écritures, le seul trésor qu’ils estimassent. Au moment de quitter la vie, c’était le seul bien qu’ils parussent regretter. Ils demandaient souvent à l’emporter dans le tombeau ; comme si la paix de leurs cendres en devait être plus profonde, ou que leur sort éternel leur semblât plus assuré, quand ce témoin déposerait devant Dieu de leur foi et de leur piété !

« Demandait-on leurs biens ? ils les abandonnaient sans murmure. Si on en voulait à leur vie, ils présentaient la tête avec joie. Fallait-il livrer les livres saints ? ni les menaces ni les tourments ne les y pouvaient contraindre. Ils ranimaient sans cesse leur foi par la prière. Ils priaient dans les temples, dans les maisons, dans les chemins, dans le travail et dans le repos. La prière commençait et terminait toutes leurs actions. Le signe sacré de la croix consacrait à Dieu chacun de leurs moments. Sept fois le jour ils faisaient monter jusqu’au ciel un sacrifice de louanges, et quand la nuit amenait le repos et commandait le silence, ils l’interrompaient par les hymnes de la religion. Nuits sacrées où les disciples de Jésus-Christ allaient chercher dans les cavernes, dans la demeure souterraine des morts, la liberté qu’ils ne trouvaient plus sur la terre ! Entrons sous ces voûtes augustes, au milieu du tumulte et des persécutions, tout respire l’innocence et la paix. Je vois un autel grossier construit à la hâte sur les ossements des martyrs. Courbé sous le poids des mérites et des années, le pontife, seul debout devant la majesté du Très-Haut, tient dans ses mains vénérables la victime du salut. Il l’offre pour l’Église et pour la patrie, pour les persécuteurs du nom Chrétien, pour toutes les nations et pour ceux qui les gouvernent, pour les vivants et pour les morts. Non loin de lui sont les ministres sacrés, blanchis dans les travaux et signalés dans les combats pour le nom de Jésus-Christ. Autour d’eux se range avec ordre un peuple fidèle, immobile de respect, dans l’attitude et le recueillement des anges. Là, sont confondus le riche et le pauvre, le maître et l’esclave, l’homme puissant et la veuve abandonnée. Tous ne font qu’un cœur et qu’une âme, une seule victime et un même sacrifice que leurs vœux font monter vers le ciel. Ils ont oublié la terre, les cieux se sont abaissés, la Divinité se rend présente et se commu-