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eux de ferventes prières, afin qu’ils souffrissent pour eux jusqu’à la fin, et ils montraient par leurs actions la force du martyr, parlant aux païens avec grande liberté. Ils étaient remplis de la crainte de Dieu, et s’humiliaient sous sa main puissante, excusant tout le monde, n’accusant personne et priant pour ceux qui les maltraitaient. Leur plus grande application était de retirer de la gueule de l’ennemi ceux qu’il semblait avoir engloutis. Car ils ne s’élevaient pas de gloire contre ceux qui étaient tombés, mais ils suppléaient aux besoins des autres par leur abondance, leur montrant une tendresse maternelle et répandant pour eux beaucoup de larmes devant le Père céleste. Ils demandèrent la vie, et elle leur fut accordée, en sorte qu’ils en firent part à leurs frères. Leur patience et leurs exhortations donnèrent du cœur à ceux qui avaient renié la foi, et les disposèrent à confesser.

« Le dernier jour des gladiateurs, Blandine fut encore amenée avec un enfant d’environ quinze ans, nommé Pontius. On les avait amenés tous les jours pour voir les supplices des autres, et on les voulait contraindre à jurer par les idoles. Comme ils demeurèrent fermes à les mépriser, le peuple entra en fureur contre eux, et, sans avoir égard ni à l’âge de l’un ni au sexe de l’autre, ils les firent passer par tous les tourments, les pressant l’un après l’autre de jurer. Ils n’en purent venir à bout ; car Pontius était encouragé par Blandine, en sorte que tout le peuple s’en appercevait. Il souffrit donc généralement tous les tourments, et rendit l’esprit. Blandine fut la dernière ; elle allait à la mort avec plus de joie qu’à un festin de noces. Après les fouets, les bêtes, la chaise ardente enfin, on l’enferma dans un filet, et on l’exposa à un taureau qui la secoua longtemps. Mais elle ne sentait rien de ce qu’on lui faisait, par l’espérance et l’attachement à ce qu’elle croyait, et par les entretiens qu’elle avait avec Jésus-Christ. Enfin elle fut aussi égorgée ; et les païens mêmes confessaient qu’ail n’avaient jamais vu une femme autant souffrir. »


Tableau des mœurs des premiers Chrétiens.


« Avec quel zèle, dit un orateur qui a peint les mœurs des premiers Chrétiens sous les traits les plus vrais et les plus touchants, ils ranimaient les ardeurs de leur foi au flambeau des saintes Écritures ! Avec quelle avidité ils recevaient les explications simples que leur en faisaient leurs pasteurs ! Cette parole divine restait déposée dans leurs cœurs. C’était le sujet ordinaire de leurs entretiens ; c’est là qu’ils puisaient les leçons qu’ils donnaient à leurs enfants. Ils apprenaient à goûter, à aimer l’Évangile. Qu’il était beau de voir le patriarche d’une famille environné de ses serviteurs et de ses enfants,