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apprenons de Marc-Aurèle qui, dans son livre de réflexions morales, blâme les Chrétiens d’aller à la mort avec trop d’ardeur et d’en marquer trop de mépris. Le gouverneur de Lyon ayant demandé à Marc-Aurèle ses ordres au sujet des Chrétiens qu’il avait fait arrêter et tourmenter dans cette ville, pour cause de leur religion, cet empereur lui écrivit de faire punir de mort ceux qui persisteraient à confesser Jésus-Christ, et de mettre en liberté ceux qui le renonceraient.


Du prodige de la légion fulminante.


Voici comment Dion décrit ce prodige, dont les païens et les Chrétiens se sont également fait honneur :

« Marc-Aurèle, ayant vaincu les Marcomans et les Jaziges, fit aux Quades une guerre rude et opiniâtre. Dans cette guerre, il remporta sur ces barbares une victoire contre son espérance, victoire qu’il ne dut qu’à une faveur particulière de Dieu ; car les Romains s’étant trouvés dans le plus grand danger, ils en furent sauvés d’une manière admirable et toute divine. Ils s’étaient laissé enfermer par les ennemis dans un lien désavantageux ; se serrant les uns contre les autres, ils se défendaient avec bravoure contre les escarmouches des barbares ; de sorte que ceux-ci cessèrent bientôt de les attaquer. Mais, comme les Quades étaient fort supérieurs en nombre, ils se saisirent de tous les passages, et ôtèrent aux Romains tous les moyens d’avoir de l’eau, espérant surmonter par la chaleur et la soif ceux qu’ils ne pouvaient vaincre par les armes. Les Romains se trouvèrent alors dans une étrange extrémité, étant accablés de maladies et de blessures, abattus par l’ardeur du soleil et par la soif, sans pouvoir ni avancer ni combattre, contraints de demeurer sous les armes, exposés à une chaleur brûlante, lorsque tout d’un coup on vit les nuées s’assembler de toutes parts et la pluie tomber en abondance, non sans une faveur particulière de Dieu. On dit qu’Armuphis, magicien égyptien qui était avec Marc-Aurèle, conjura par art magique Mercure, qui est dans l’air, et d’autres démons, et en obtint cette pluie. Dès qu’il commença à pleuvoir, les Romains se mirent à lever la tête et à recevoir l’eau dans leur bouche, ensuite à tendre leurs boucliers et leurs casques, pour pouvoir boire plus aisément et abreuver aussi leurs chevaux. Les barbares vinrent alors les attaquer : de sorte que les Romains étaient obligés de boire et de combattre en même temps ; car ils étaient tellement altérés, qu’il y en eut qui, étant blessés, buvaient leur propre sang avec l’eau qu’ils avaient reçue dans leurs casques ; et comme ils songeaient plutôt à éteindre leur soif