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qui suppose toujours un contrat des cœurs qui se donnent, ne fût que le lien d’un instant détruit par l’instant qui devait suivre.

« Le Christianisme imposa les lois les plus sévères aux femmes et aux mœurs. Il resserra les nœuds du mariage ; d’un lien politique il fit un lien sacré, et mit les contrats des époux entre le tribunal et l’autel sous la garde de la Divinité. Il ne se borna point à défendre les actions, il étendit son empire jusque sur la pensée. Partout il posa des barrières au-devant des sens, il proscrivit jusqu’aux objets inanimés qui pouvaient être complices d’une séduction ou d’un désir. Enfin troublant le crime jusque dans la solitude, il lui ordonna d’être son propre délateur, et condamna tous les coupables à rougir par l’aveu forcé de leurs faiblesses. La législation des Romains et des Grecs rapportait tout à l’intérêt politique des sociétés : la législation nouvelle et sacrée, n’inspirant que du mépris pour cet univers, rapporta tout à l’idée d’un monde différent de celui-ci. De là sortit l’idée d’une perfection inconnue. On vit réduire en précepte, chez tout un peuple, le détachement des sens, le règne de l’âme, et je ne sais quoi de surnaturel et de sublime qui se mêla à tout. De là le vœu de continence et le célibat consacré. Alors la vie fut un combat. La sainteté des mœurs étendit un voile sur la société et la nature. La beauté craignit de plaire, la force se redouta elle-même ; tout apprit à se vaincre, et l’autorité de l’âme augmenta tous les jours par le sacrifice des sens.

« Une autre loi ordonnait aux Chrétiens de se soulager et de s’aimer comme frères. On vit donc le sexe le plus vertueux comme le plus tendre, tournant vers la pitié cette sensibilité que lui a donnée la nature, et dont la religion lui faisait craindre ou l’usage ou l’abus, consacrer ses mains à servir l’indigence. On vit la délicatesse surmonter le dégoût. En même temps les persécutions faisaient naître les périls. Pour conserver sa foi, il fallait souvent supporter les fers, l’exil et la mort. Le courage devint donc nécessaire : celui des femmes chrétiennes fut fondé sur les plus grands motifs. On les vit